Une réaction d'Antone MANESSIS sur son site :

Le microcosme médiatico-politique bruisse de"l'affaire Zemmour".
Alors pourquoi en parler à notre tour comme si, dans la grisaille du confinement qui occupe en exclusivité les médias, l'anecdote était un événement ? Simplement parce que comme le disait Paul Nizan les faits divers sont des révélateurs d'une époque.
Les faits : Zemmour fait ses courses, il est reconnu et copieusement insulté par un homme qui finit par lui cracher dessus. Signe des temps le quidam filme la scène sur son portable et la diffuse.
Les participants à la scénette: à tout seigneur tout honneur - quel mot étrange le concernant - Zemmour. Polémiste de droite extrême, fasciste, raciste. Condamné à plusieurs reprise par la Justice pour "provocation à la haine raciale"et "incitation à la discrimination raciale". L'historien Gérard Noiriel publie Le Venin dans la plume : Édouard Drumont, Éric Zemmour et la part sombre de la République, dans lequel il compare la rhétorique identitaire du polémiste aux imprécations antisémites d'Edouard Drumont.
Le présumé insulteur: il s'appelle Mehdi Korchi. Excédé par les propos racistes de Zemmour il dit regretter son geste.
Les réactions: le président de la République, Emmanuel Macron, a consacré une heure de son précieux temps à consoler Zemmour au téléphone. D'une désarmante incompétence contre le virus Covid19, il sait flatter son flanc droit. Ça peut servir. La droite dans son ensemble, de la plus primitive, Ciotti ou Retaillaud, à la plus distinguée, Larcher ou Enthoven, exprime sa solidarité avec celui que les parlementaires UMP avaient ovationné le lendemain d'une de ces condamnations pour racisme, invité par Hervé Novelli, ex-GUD, Occident, PFN, FN et finalement UMP.
L'extrême-droite est tout aussi évidemment à ses côtés en cette bien triste circonstance - faut-il en pleurer ou en rire - Marion Maréchal-nous-voilà, Collard, Menard et Valeurs Actuelles. C'est que Zemmour est un pont. Un pont entre ces deux familles. Celui qui exprime ouvertement le rêve d'une fraction du capital si Macron se crame : l'union des droites, style 1922 ou 1933.Ou encore style Vichy.
Plus lamentables encore les réactions d'une gauche tellement de droite qu'elle en adopte les réflexes : Denis Olivennes, le capitaliste socialiste, ou Caroline Fourest, la dénonciatrice de "l'islamo-gauchisme". Sans oublier le chien de garde Aphatie égal à lui-même.
Pour synthétiser : un individu peut insulter son pays, ce qu'il fait en réhabilitant le traître criminel Pétain, qui peut insulter ses concitoyens, ce qu'il fait avec les musulmans, qui peut insulter les noirs et les arabes, qu'il assimile aux délinquants (ce qui lui vaudra une de ses condamnations judiciaires), qui peut insulter les femmes et les homosexuels, devrait être soutenu ?
Nous refusons cette pseudo-tolérance qui n'est que de la complicité avec l'obscurantisme fasciste. Quand on est un progressiste, un patriote, un internationaliste on ne court pas au secours d'un fasciste. On dit "Qui sème le vent, récolte la tempête". A l’occurrence une bien petite tempête.
Et comment ces belles âmes qui ont couvert, approuvé, ordonné des violences autrement plus graves contre des travailleurs, des cheminots, des gilets jaunes, des soignants, gazés, matraqués, amputés par la police aux ordre du pouvoir, peuvent-elles oser se la ramener pour défendre l'indéfendable et nauséabond Zemmour ? Macron a-t-il téléphoné pendant une heure avec les jeunes matraqués par son ami Benalla ?
Zemmour a une tribune sur la chaîne de Vincent Bolloré, C-News. Et c'est sur le yacht du même Bolloré que Sarkozy a fêté sa victoire aux présidentielles.Soyons donc vigilants : quand le grand capital commence à avoir les yeux de Chimène pour les fascistes, c'est qu'il est temps de ne pas sombrer dans la confusion idéologique et de se souvenir de nos anciens engagés dans le combat anti-fasciste. Sans compromission et sans que la main ne tremble.
Publié par FSC