L'abandon par Unilever de son passeport néerlandais cache une autre future séparation.
Un divorce peut en cacher un autre. L'approche en fin d'année du Brexit, croient savoir les analystes d'UBS, a poussé Unilever à accélérer son choix entre les Pays-Bas et le Royaume-Uni au bout de près d'un siècle à vivre avec son double passeport. Il y avait urgence : « cela fait quarante ans que c'est nécessaire », assure son actuel président, Nils Andersen, un Danois. Le directeur général depuis un an et demi, le britannique Alan Jope, souhaite faire pencher le coeur de la firme anglo-néerlandaise de l'autre côté de La Manche - et avec, le portefeuille des actionnaires européens qui pèsent pourtant pour 55 % de la capitalisation boursière. C'est l'inverse du projet d'il y a un an et demi, qui s'était attiré un « no, no, no » très thatchérien des fonds de la City. Cette fois, les investisseurs de l'indice Euro Stoxx 50 vont perdre leur cinquième plus grosse valeur, mais leur opposition à la nouvelle mouture n'est pas certaine. D'abord, elle ne nécessite le feu vert que d'une majorité des actionnaires de l'entité néerlandaise (et non 75 % comme au Royaume-Uni). Elle simplifie l'ancienne structure duale, et élimine une taxation du dividende. Ensuite, elle ouvre la voie à un autre divorce, une séparation des branches hygiène-cosmétique et alimentaire, qui réduirait la décote boursière du groupe, actuellement de 25 % selon UBS. La morale du « Leverxit » ? La Bourse se joue à plusieurs, mais c'est toujours la City qui gagne à la fin.
