Cela devrait être une question majeure. En France, chaque semaine, une quinzaine de personnes meurent, plus de 12 500 se blessent dans des accidents du travail. Une catastrophe sociale et financière que le livre de Véronique Daubas-Letourneux sort de l'ombre.
Une invisibilité sur laquelle la sociologue Véronique Daubas-Letourneux, qui depuis maintenant plus de vingt ans scrute le phénomène, rencontre et enquête régulièrement sur ces accidents et les accidentés du travail, jette une lumière crue. Nécessaire. Car les chiffres sont là. Éloquents. En 2019, près de 900 000 accidents du travail, ou plutôt « dûs » au travail, comme le précise fort justement la chercheuse, ont été enregistrés. Dont 733 mortels ! Bref, aller travailler peut s'avérer très dangereux.
Indicateurs inquiétants
D'autant plus préoccupant donc que notre pays se classe au 26e rang sur 27 dans l'Union européenne en matière d'accidentalité au travail. Que ces accidents ne sont pas tous déclarés. Par pression patronale, plus soucieuse de la santé de l'entreprise que de celle des salariés, mais aussi par la peur de certains salariés eux-mêmes, notamment ceux en situation précaire pour qui s'arrêter, c'est perdre des ressources financières.
Difficile d’accepter la banalisation
Illustré d'exemples très concrets, de données officielles de la CNAM, laquelle s'occupe de ces dossiers, de l'Insee, d'études universitaires, ce livre apostrophe sèchement l'organisation du travail en France. Plaide pour une approche de santé publique des accidents du travail tourné vers la protection, la prévention et la préservation de la santé des travailleurs face au coût humain et social que représentent ces accidents du travail. À mettre entre les mains de tous ceux qui ont des responsabilités syndicales.