Selon les données publiées par la lettre de Vernimmen, la somme des dividendes versés en numéraires (donc hors dividendes versés en actions qui ont représenté l'équivalent de 30,5 milliards d’euros) et des rachats d'actions réalisés par les sociétés du CAC 40 a atteint un nouveau record en 2021. Ainsi, ce sont 69,4 milliards d'euros qui ont été versés aux actionnaires du CAC 40, un chiffre en très forte progression par rapport à 2020 (+93%).
Même en écartant l'exercice 2020, année particulière, car marquée par des incitations gouvernementales à ne pas verser de dividendes (incitations pas toujours suivies), la hausse est très forte : +15% par rapport à 2019. Les versements de dividendes et rachats d'actions sont particulièrement concentrés sur quelques groupes. Six d'entre eux concentrent ainsi la moitié des dividendes et rachats d'actions du CAC 40 : L’Oréal (12,3 Md€), TotalEnergies (7,1 Md€) et Sanofi (4,4 Md€), Stellantis (4,2 Md€), AXA (4 Md€) et ArcelorMittal (4 Md€).
Ces chiffres illustrent deux choses. Premièrement, la très bonne santé économique et financière des grands groupes dont les profits cumulés, selon l’estimation réalisée par l’agence Bloomberg à partir des prévisions des analystes au 28 janvier, devrait atteindre les 137 milliards d’euros en 2021 (contre 39 Mds€ en 2020). Deuxièmement, cette performance économique et financière profite d'abord aux actionnaires. Le taux de distribution des entreprises du CAC 40, soit la part du profit distribuée en dividendes aux actionnaires, s'est ainsi établi à 64 % en 2021. Cette part monte à 98 % en tenant compte des rachats d'actions...laissant 2% seulement du profit dans les caisses de l'entreprise. Les actionnaires de ces groupes ont également pu profiter de l'envolée des cours de bourse du CAC 40, qui a dépassé les 7 000 points fin 2021, pour la première fois de son histoire. Cela signifie que 1 000 € investis dans les 40 principales entreprises cotées à la bourse de Paris en 1987 (année de la création du CAC 40) valent 7 000 € aujourd’hui.
Pour les 5 millions de salariés des entreprises du CAC40, ces 69 milliards d'euros de coût du capital représentent l'équivalent d'une enveloppe annuelle de 14 000€ par tête. Dans un contexte de reprise économique et de hausse importante de l'inflation (+2,8% fin décembre 2021 avec des prévisions jusqu'à +3,5% au cours de l'année 2022), cette exubérance du coût du capital, dont les entreprises du CAC40 nous donnent ici une illustration, pose avec acuité la question du partage des profits des entreprises et de la hausse des salaires. Il n'est pas à douter que ce seront les enjeux des mois à venir.
Publié par JDS