La simplification de la structure d'Unilever ouvre la voie à des grandes manoeuvres.
Le mariage est la cause principale de divorce, assurait Oscar Wilde. Il reviendra peut-être à un groupe bientôt uniquement britannique par sa cotation, Unilever, de faire mentir le poète irlandais en montrant qu'un divorce peut aussi être la principale raison d'un remariage. Pour l'instant, l'encre de la séparation d'avec les investisseurs en euro, détenant 55 % du tour de table du géant anglo-néerlandais, n'est pas encore sèche. Après le feu vert, fin septembre, des actionnaires de l'entité hollandaise appelée à se saborder, leurs homologues d'Unilever Plc ont voté lundi la « réunification », comme la nomme le groupe, de sa structure capitalistique après quatre-vingt-dix années à camper des deux côtés de la Manche. Les « Brexiteers » verront dans les scores de république bananière (plus de 99 % dans les deux cas) la confirmation de la supériorité de l'attractivité de la place londonienne, en omettant le risque d'une taxation brandie par l'opposition verte à La Haye. Soit une épée de Damoclès à 11 milliards d'euros. Si Alan Jope, le patron depuis bientôt deux ans du fabricant de Skip et Cif, n'a pas hésité à le courir, c'est parce qu'il a urgemment besoin de faire le ménage dans un portefeuille de moins en moins adapté à la montée en gamme des consommateurs des pays émergents. Le remède, assure un courtier, pourrait s'appeler Reckitt Benckiser, coté lui aussi à Londres. What a surprise !

Après l'approbation des actionnaires des deux entités hollandaise et britannique, la justice du Royaume-Uni sera la dernière à donner son feu vert, attendu le 30 octobre. Les actions d'Unilever NA cesseront leur cotation à Amsterdam le 20 novembre.