Alertées par plusieurs cessions, les organisations syndicales s’interrogent sur l’avenir des sites de conditionnement encore en activité.
L’avenir industriel d’Unilever en France en pointillé La marque Dove est notamment fabriquée à Meux (Oise).
À l’heure de la réindustrialisation, Unilever pourrait-il quitter la France ? Pour les syndicats, la question se pose en mettant en perspective le sort de plusieurs sites de conditionnement. Après la fermeture mouvementée de Fralib à Gémenos (Bouches-du-Rhône) en 2014, une usine spécialisée dans les thés et infusions devenue une société coopérative ouvrière et participative (Scop) qui exploite la marque 1336, a suivi, en 2019, la vente de l’usine Alsa de Ludres (Meurthe-et-Moselle) à l’allemand Dr. Oetker. Le site comptait à l’époque 140 salariés. Dr. Oetker a revendu le site à l’italien Newlat le 1er janvier 2023, mais conserve la propriété de la marque Alsa. L’usine travaille en sous-traitance pour Unilever. En 2020, l'usine de Saint-Vulbas (Ain), qui produit les lessives Sun, passe chez l’espagnol Persan, mais conserve des fabrications pour le groupe. En mars 2021, c’est l’annonce de la fermeture de l'usine Knorr de Duppigheim (Bas-Rhin), qui emploie 261 personnes. Unilever estime que ses soupes ne sont « plus suffisamment compétitives » et prévoit un « redéploiement des capacités industrielles en France et en Europe », soit la Pologne et la Roumanie.
Portefeuille de marques
À la lumière de ces mouvements récents, l’heure n’est pas à l’optimisme à Meux (Oise). L’usine, qui compte environ 270 salariés et 75 intérimaires, produit des dentifrices Signal et des shampoings Dove. « Nous sommes de moins en moins nombreux, les volumes de production baissent et vont continuer à baisser en 2023. Nous produisons 100 millions de tubes de dentifrice et flacons de shampoings en moins qu'il y a cinq ans », indique David Bongard. Selon le secrétaire CGT du comité social et économique (CSE), « Unilever ne veut plus de sites industriels. Le groupe veut gérer un portefeuille de marques et ne plus s'occuper lui-même de la production ».
Vrai désengagement
Son de cloche identique à Saint-Dizier (Haute-Marne). Sur ce site où travaillent 220 personnes, Unilever produit des crèmes glacées Carte d'Or, Miko et Cornetto. « Avant, nous avions des perspectives à cinq ans, mais ce n'est plus le cas. La visibilité que nous avons, c'est davantage au jour le jour. On a senti un vrai désengagement d'Unilever. Et avec la conjoncture, nous avons vu nos volumes de production descendre, descendre... On tournait à 85 millions de litres il y a peu, mais la projection pour 2023 est à 73 millions de litres. C’est vraiment très peu, alors que nous avons la capacité d'aller jusqu'à 100 millions de litres de glace par an », détaille Messaoud Benaïssa, délégué CFDT.
Pas de problème
Aucune inquiétude, en revanche, à Chevigny (Côte-d’Or). Le site y emploie environ 200 personnes pour la production de vinaigre, moutarde, mayonnaise et autres condiments aux marques Amora et Maille. L'usine avait intégré la production du site de Dijon, fermé en 2009. « Nous avons les investissements, les recrutements qu'il faut, il n'y a pas de problème. Après, du jour au lendemain ça peut changer, comme quand ça a fermé à Dijon, c'est la vie des grands groupes. Mais pour le moment nous n'avons aucune inquiétude », estime Thierry Reverdiau, élu CFTC.
Publié par www.usinenouvelle.com