« Élèves en garde à vue, école au garde à vous » : personnels et élèves du lycée Cassin se mobilisent contre les opérations policières
Ce jeudi 27 mars, les personnels, élèves et parents du Lycée Cassin (95) étaient rassemblés devant le lycée pour dénoncer la multiplication des opérations policières survenues depuis la rentrée début mars, allant jusqu’à l'interpellation d’un élève.
Réunis devant les grilles du lycée, élèves, parents et personnels dénoncent la politique de mise au pas de la jeunesse, au lendemain de la mise en place de la circulaire Borne qui prévoit de systématiser les fouilles aléatoires devant les établissements. Une politique répressive envers la jeunesse qui souhaite mettre l’école au service de ce renforcement sécuritaire.
Le lycée René Cassin de Gonesse avait en effet déjà été visé par des fouilles policières répétées depuis la rentrée scolaire début mars, allant jusqu’à l’interpellation d’un élève au sein de l’établissement. Face à ces mesures répressives, les personnels ont réagi par la grève à deux reprises, les 11 et 17 mars, et ont également cherché à construire une mobilisation en lien avec les parents, notamment à travers le lancement d’une pétition.
Le rassemblement de ce jeudi permet ainsi aux personnels, mais aussi aux élèves et à leurs parents d’exprimer et de visibiliser leur colère et leur opposition.
🔴 « Élèves en garde à vue, École au garde à vous » scandent élèves, parents et personnels du lycée René Cassin de Gonesse rassemblés ce midi pour dénoncer la multiplication des opérations policières sur l’établissement pic.twitter.com/4weMEe2SQM
— Révolution Permanente (@RevPermanente) March 27, 2025
Paul, professeur au lycée, dénonce : « Cette intrusion de la répression et du contrôle policier à l’intérieur des établissements scolaires, pour les effets que ça créé pour les élèves et pour ce que ça augure pour la suite, c’est une tendance à laquelle il faut mettre un stop ».
La multiplication des opérations policières constitue une violence scandaleuse envers les élèves. « Nous on a juste pour but d’étudier et d’avoir notre bac, là on a un environnement hyper malsain et hyper angoissant », affirme Leïa, élève au lycée. « Le fait que des élèves puissent se retrouver mis de côté, fouillés, humiliés, essuyer des propos sexistes, racistes, ça entérine l’idée que la jeunesse doit être mise au pas, c’est inacceptable. », ajoute Paul. « On se sent surveillés et stigmatisés parce qu’on vient d’un quartier populaire », dénoncent Flora et Khadija, élèves de terminale pour le Parisien, « On a l’impression d’être des criminels, alors qu’on vient juste étudier », ajoute Fatoumata, élève en première.
Cela témoigne d’une alliance de plus en plus décomplexée entre la police et l’école et d’une volonté de renforcer le rôle répressif de l’école. C’est ce que dénonce Eléni, professeure sur l’établissement : « On observe une volonté de mettre au pas la jeunesse de plus en plus forte et on refuse ce dispositif policier et cette mise au pas de plus en plus assumée de la jeunesse, on refuse que l’école soit mise au service de ces dispositifs de plus en plus autoritaires et répressifs ».
Cette politique s’adosse à la rhétorique du gouvernement qui instrumentalise les violences survenues, par exemple en Essonne, pour renforcer une logique sécuritaire. « Le discours sur les violences dans les quartiers populaires, si on n’introduit pas une réflexion sur la casse des services publics, laisse penser qu’il n’y a qu’une solution c’est d’accroître cette violence par la répression et masquer la restriction toujours croissante des moyens alloués au fonctionnement de la vie commune, des services publics et notamment l’école. L’année dernière par exemple on a bataillé parce que, dans un lycée de 1700 élèves, on n’avait qu’un demi-poste d’infirmière. On s’accoutume à l’idée d’une pénurie permanente de moyens, notamment humains et de soin apportés aux élèves. », affirme Paul.
Ce renforcement répressif s’articule ainsi à l’approfondissement de la casse des services publics, dans une période de crise économique.
Cette démonstration exemplaire qui associe personnels, parents et élèves, montre la voie à suivre pour s’opposer au tour de force du gouvernement. Comme l’affirme Leïa, élève au lycée : « Il faut qu’on élève notre voix, nous avec les profs, car c’est nous qui sommes en première ligne, c’est comme ça qu’on va changer les choses. ».
La mobilisation du lycée René Cassin est ainsi un point d’appui pour construire une réponse à la hauteur de cette offensive à une échelle bien plus large, à laquelle devraient urgemment œuvrer les directions syndicales qui restent aujourd’hui silencieuses face à cette répression, participant de ce fait à l’entériner . A rebours de cette politique, il y a urgence à organiser une réponse afin de ne pas banaliser les opérations policières et de s’opposer fermement à un projet d’école toujours plus répressif vis-à-vis des élèves.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE