Le géant de l'agroalimentaire a accru bénéfice et marges sur l'année 2017. Il entend améliorer sa valeur en bourse pour éloigner les prédateurs.

Voilà près d'un an, Unilever repoussait le raid à 143 milliards de dollars lancé par 3G Capital , le fonds actionnaire de Kraft Heinz et d'AB InBev. Mais pour combien de temps ? 3G n'a pas pour habitude de lâcher ses proies. Paul Polman, le patron de Unilever le sait. Et ses marges de manoeuvre sont étroites.

Dans cette optique, celui qui a été directeur financier puis vice-président exécutif du leader mondial Nestlé, met tout en oeuvre pour booster la valeur du groupe en bourse et décourager une nouvelle OPA. En témoignent les résultats de l'exercice 2017 dévoilés mercredi.

Le bénéfice net a bondi de 16,9 % à 6,5 milliards d'euros. Le bénéfice par action a grimpé de 10,7 %, en partie grâce au programme de rachat pour 5 milliards d'euros de ses actions et la marge opérationnelle a gagné 110 points. Hors l'activité de margarine, cédée au fonds américain KKR pour 6,8 milliards d'euros en décembre, le chiffre d'affaires a progressé de 3,5 %. Avec les margarines, la hausse s'est limitée à 1,9 % pour des ventes totales de 53,7 milliards d'euros. « Nous réalisons de très grands progrès vers les objectifs stratégiques fixés pour 2020 », s'est félicité Paul Polman.

Acquisitions

Des « changements majeurs » ont été opérés ces derniers mois pour obtenir ces résultats, supérieurs aux attentes des analystes. Ainsi Unilever a bien sûr décidé de se séparer de la division m argarine avec ses marques Flora, Blue Band et Rama, dont la vente devrait être finalisée au premier semestre. Le géant anglo-néerlandais a d'autre part réalisé une très grosse acquisition en septembre dans la cosmétique en Corée du Sud en mettant la main sur  Carver Korez p our un montant de 2,7 milliards de dollars. La plus importante opération réalisée par Unilever en sept ans. Cette acquisition doit permettre au groupe actif dans l'agroalimentaire comme les cosmétiques « grâce à des produits de luxe à prix abordables de renforcer significativement ses positions en Asie, le plus grand marché mondial pour les soins de la peau ».

Innovations

Le propriétaire de Knorr et de Ben & Jerry's a aussi gonflé son portefeuille tout au long de l'année en multipliant les lancements. La branche « Hygiène personnelle » a continué de croître grâce à de « solides innovations ». Elle a permis au groupe d'enregistrer, sur ce seul créneau, un chiffre d'affaires de 20,7 milliards d'euros grâce notamment au succès de certains de ses gels douche  Dove .

Toujours dans la logique d'étoffer son portefeuille de marques, le propriétaire de Rexona a lancé plusieurs nouveaux produits, dont les shampoings Love Planet Beauty destinés à un public jeune en 2017. Le groupe a continué de tailler dans ses coûts et a relancé son activité sur les marchés en développement, dont l'Inde qui représente 8 % de son chiffre d'affaires ;

Objectif de marge opérationnelle à 20 %

Pour 2018, le groupe s'est fixé pour priorité de poursuivre le regroupement au sein d'une même division de ses branches alimentation et rafraîchissements. A l'horizon 2020, Unilever table sur une croissance se situant entre +3 % et +5 % et une marge opérationnelle de 20 % contre 16,5% l'an dernier.

Marie-Josée Cougard