
C’est une étonnante sinon incroyable économie que le ministère de la Santé veut imposer aux Prestataires de santé à domicile (PSAD). Ces professionnels, qui interviennent souvent après hospitalisation auprès de patients ayant besoin de dispositifs médicaux (pompes à insuline, masque d’apnée du sommeil, perfusions…), sont priés de trouver 150 millions d’euros (M€) d’économies en 2019. Particulièrement 100 M€ sur les prestations de stomies et sondes.
Les stomies et sondes servent à recueillir les selles et urines de patients opérés et se trouvant dans l’incapacité d’utiliser les voies naturelles. 100 000 patients ont recours à des poches, 25 000 à des sondes urinaires. Ce sont majoritairement des malades opérés pour un cancer.
« Je ne sais pas où faire ces économies, a réagi ce jeudi le président de la fédération des PSAD, Charles Henri des Villettes. C’est désastreux. Si cette mesure se concrétise, nous n’aurons pas d’autres choix que d’arrêter ce service. Que vont devenir les patients avec tous les risques d’infection, de fuite… ? » s’inquiète-t-il, tout en tendant la main au gouvernement pour trouver d’autres solutions.
« Nous n’intervenons que sur prescription médicale. Si le nombre de patients augmente (NDLR : + 5 % en 2017, + 8 % en 2016), nous n’y sommes pour rien, se défend le président de la fédération. Le ministère pousse à réduire les durées d’hospitalisation, il est donc normal que nous soyons plus sollicités. Il faut savoir ce que l’on veut. »
La prestation de stomie ou sonde n’est pas décrite officiellement. « On facture un tarif forfaitaire qui nous laisse 25 % de marge brute avec laquelle on doit livrer le matériel, prendre le temps d’éduquer le patient, le surveiller régulièrement, payer le transport, amortir les frais de structure… explique Alexandra Duvauchelle, déléguée générale de la fédération PSAD. Si on nous enlève 22 %, c’est intenable. »
Cette mesure d’économie n’est pas la première. En 2017, les mille structures de prestataires ont dû réduire les dépenses de 80 M€, et de 90 M€ en 2018. « Depuis 2013 on a réduit nos tarifs de 30 %. Là, on voudrait nous étouffer qu’on ne ferait pas autrement », conclut Charles Henri des Villettes, qui tire toutes les sonnettes d’alarme alors que le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui prévoit ces économies vient d’arriver en débat au Sénat.
Sollicité ce jeudi, le ministère de la Santé n’a pas répondu à notre demande.