Par Le Parisien avec AFP
Le 4 juillet 2020
La direction du site automobile Smart à Hambach (Moselle) a annoncé vendredi l'intention de Daimler de vendre l'usine. La production de modèles du constructeur Mercedes devait commencer à l'automne.
« Ils vendent le site de la Smart et donc ils cherchent un repreneur. C'est énorme. Ils nous abandonnent », considère Jean-Luc Bielitz, représentant CGT sur le site mosellan qui emploie entre 1400 et 1500 salariés.
« L'entreprise a l'intention d'entamer des discussions sur une vente de son usine française d'automobiles à Hambach », explique Daimler dans un communiqué. Au vu d'une situation financière difficile, le groupe précise avoir « mis en marche de nombreuses mesures pour améliorer durablement sa structure de coûts et devenir nettement plus efficient ».
Fin de la production entre 2022 et 2024
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a, lui, appelé Daimler « à garder toutes les options ouvertes, y compris celle de conserver le site ». « Je souhaite que l'avenir de ce site moderne et exemplaire qui a fait le choix de la transition écologique en produisant notamment des véhicules électriques soit assuré », dit-il, rappelant que l'usine « est un site symbolique de la relation industrielle franco-allemande ».
En mars 2019, Daimler, propriétaire des marques Mercedes-Benz et Smart, avait annoncé la fin de la production de la petite citadine en France et sa délocalisation en Chine à partir de 2022. A la place, des Mercedes (notamment une citadine électrique) devaient être fabriquées à Hambach à partir de l'automne 2020. Pour adapter le site mosellan à cette production, Daimler avait décidé d'investir 500 millions d'euros. Les travaux sont toujours en cours. « Concrètement, la Smart termine entre 2022 et 2024 et on ne fabriquera pas de Mercedes sur le site de Hambach », baptisé Smartville et berceau historique de la petite voiture depuis 1998, juge Jean-Luc Bielitz.
« Un industriel doit être respectueux de ses employés et de ses partenaires publics »
« C'était prometteur, tout le monde était content de travailler chez Mercedes, d'avoir le logo Mercedes… et tout s'arrête », déplore Denis Boos, représentant CGT à Faurecia, équipementier plasturgiste. « Tous les salariés ont pris un coup sur la tête. » « Alors que la Région Grand Est et l'ensemble des collectivités publiques de Moselle n'ont cessé de soutenir la direction dans ses choix d'investissement, il est regrettable que cette décision soit prise en dehors de toute concertation et de toute discussion », ont regretté notamment le président de la région, Jean Rottner et les responsables des collectivités publiques de Moselle, dans un communiqué commun.
Ceux-ci disent avoir appris la nouvelle « par voie de presse ». « Dès cet après-midi, nous prenons contact avec la direction du groupe pour obtenir de plus amples informations et débuter le combat pour sauvegarder nos emplois », ajoutent-ils. Sur Twitter, Jean Rottner parle d'une « annonce incompréhensible sur la forme et le fond. Un industriel doit être respectueux de ses employés et de ses partenaires publics. Je serai aux côtés de la Moselle Est ».
« On peut faire tous les efforts qu'on veut, le groupe nous lâche après avoir tiré le maximum des salariés »
Les salariés ont approuvé lors d'un référendum consultatif en 2015 le « Pacte 2020 », qui prévoyait le retour à 39 heures de travail hebdomadaires, payées 37, avec un rétablissement des 35 heures en 2020. « Tout ce qu'on nous promettait, les embauches, la reprise d'activité, la pérennité du site… On peut faire tous les efforts qu'on veut, le groupe nous lâche après avoir tiré le maximum des salariés », réagit Jean-Luc Bielitz. « On s'est battus comme des diables pendant cinq ans, on a fait des sacrifices pour avoir des projets, on a eu des projets et maintenant on nous dégage ! » dénonce Mario Mutzette, délégué CFE-CGC.
Selon les syndicats, la direction a parlé d'un « potentiel repreneur », sans préciser lequel. « Dans la situation actuelle, aucun constructeur n'a besoin d'une nouvelle usine », soupire Bertrand Cederiva, autre représentant CGT. Le secteur automobile traverse une crise en raison de la pandémie de coronavirus qui a gelé les ventes de véhicules. « Si Daimler n'arrive pas à vendre des voitures, qui le pourra? », s'interroge Denis Boos, de la CGT.
Publié par FSC