Crédits photo : Ottaviani Serge Usine Stellantis d’Hordain - atelier Montage.
Syndicat CGT Unilever HPCI France
Unilever cherche à étendre sa gamme de produits de beauté et de soins. La multinationale anglo-néerlandaise est sur le point d'acquérir le groupe de cosmétiques Carver Korea, contrôlé jusqu'ici par Goldman Sachs, Bain Capital Private Equity et son fondateur, pour 2,27 milliards d'euros.
L'accord a été annoncé ce lundi par le géant de l'agroalimentaire, qui a précisé que Carver était actuellement l'affaire la plus florissante sur le marché sud-coréen des crèmes de soin, grâce aux ventes de sa marque AHC. La beauté sud-coréenne étend actuellement son influence au niveau global.
Unilever a ajouté que la gamme en question comprend le soin "Eye Cream for Face", ainsi que des huiles essentielles, des soins revitalisants, des crèmes hydratantes, des masques de soin et des crèmes solaires.
L'an dernier, Bain Capital et Goldman Sachs avaient acheté ensemble une participation majoritaire dans le capital de Carver, participation qui s'élevait à environ 60 %, soit 500 millions de dollars (environ 420 millions d'euros), selon une source proche du dossier.
Dans le cadre de son plan annoncé en mars, la multinationale britannique Unilever, célèbre pour les savons Dove ou les déodorants Axe, annonce se séparer de 3.200 postes de bureau en Europe, le tiers de ses effectifs.
D'ici à 2025, le géant Unilever va se séparer de 3.200 employés de bureau en Europe. (Luca Bruno/Ap/SIPA)
Par Benjamin Houry
Le régime Schumacher suit son cours. Lors d'une conférence de presse, Unilever a annoncé supprimer 3.200 postes en Europe d'ici à 2025, soit un tiers des emplois de bureau sur le Vieux continent. Une mesure qui fait partie du plan de restructuration du directeur général du groupe, Hein Schumacher.
Le géant britannique de l'agroalimentaire et des produits d'hygiène, connu pour les savons Dove, les déodorants Axe ou les soupes Knorr, veut supprimer 7.500 emplois dans le monde, près de 6 % de ses effectifs.
« En mars, nous avons annoncé le lancement d'un vaste programme de productivité visant à stimuler la concentration et la croissance par le biais d'une organisation plus légère », indique le communiqué.
La multinationale espère retrouver sa superbe après une mauvaise séquence, faite d'opportunités manquées et de fusions-acquisitions ratées.
Hermann Soggeberg, président du comité d'entreprise européen d'Unilever, a précisé aux employés que presque tous les bureaux européens seraient touchés, mais particulièrement les centres d'entreprise de Londres et de Rotterdam.
Le fabricant emploie 128.000 personnes dans le monde, dont 10.000 à 11.000 employés de bureau en Europe. Le siège social et la cotation principale d'Unilever se trouvent tous deux à Londres après l'abandon de sa structure anglo-néerlandaise en 2020.
Hein Schumacher, a été nommé en 2023 après l'entrée dans le capital de l'entreprise de l'investisseur activiste Nelson Peltz.
En 2023, le bénéfice net d'Unilever a diminué de 15 %. L'année 2024 ne se présentait pas sous les meilleurs auspices puisque le groupe a d'ores et déjà annoncé une faible hausse du chiffre d'affaires au premier semestre.
Autre cible dans le viseur du dirigeant : la division glace. Basée aux Pays-Bas, elle représente 16 % des ventes du groupe, comprenant notamment Ben & Jerry's.
Mais ce segment affiche une croissance moins rapide que les activités beauté ou encore bien-être d'Unilever et le groupe a annoncé s'en séparer en mars.
Pour relancer la machine, le PDG souhaite se focaliser sur les 30 marques « motrices » de la multinationale britannique, qui représentent conjointement 70 % des recettes de l'entreprise.
Sur le site de Stellantis Mulhouse, les intérimaires subissent de nombreux jours chômés imposés par la direction, ce qui engendre des pertes importantes de salaire. Une façon pour la multinationale automobile de faire toujours plus d'économies sur le dos des travailleurs précaires.
Crédits photo : Ottaviani Serge Usine Stellantis d’Hordain - atelier Montage.
Le géant automobile Stellantis, qui compte comme filiale Peugeot, Citroën ou encore Opel, n’en finit pas de mener son « impitoyable chasse aux coûts » comme titrait le journal Le Monde en juin. Une « chasse aux coûts » qui a pour première victime les travailleurs du groupe et plus particulièrement les intérimaires. En effet, sur le site de Stellantis Mulhouse, la CGT appelait les intérimaires à s’organiser face au problème des jours chômés et de leurs indemnisation.
« Il y a régulièrement des jours chômés, ou l’entreprise impose de ne pas travailler par manque d’activité. Il y a tout un dispositif pour indemniser les travailleurs en CDI, mais les intérimaires eux ne touchaient rien. Ca avait fait monter la colère et la direction a mis en place une avance de 56 euros par jours chômés. Mais ca reste une avance qui est récupérée sur les IFM (indemnités de fin de contrats), ce qui revient à la situation de départ. Les intérimaires se font arnaquer sur les indemnités de jours chômés » explique Vincent Duse, ouvrier PSA-Stellantis Mulhouse et militant CGT.
En effet, ces jours chômés pèse énormément sur la paye des intérimaires. Sur les quatre derniers mois, l’usine de Stellantis Mulhouse en a imposé beaucoup. « Entre mai et juillet il y a eu 10 annulation de séances. Pour les intérimaires ca représente 560 euros qu’ils perdront d’un coup sur leurs indemnités de fin de mission, c’est totalement injuste » dénonce le militant CGT. Dans cette situation, la colère des intérimaires continue de s’accentuer au début de la période estivale ou de nombreux contrat vont arriver à leur terme et ou les IFM perçues seront totalement dérisoires.
Cette situation touche des centaines d’intérimaires sur lesquels le groupe compte pour réaliser un maximum d’économie. Pour exemple, sur le site de PSA Mulhouse, 1 200 intérimaires sont embauchés pour environ 4 000 salariés. « Au montage, la tâche la plus pénible, il y a plus d’intérimaires que d’embauchés. Il y a 4 mois on comptait 936 intérimaires et 823 CDI, mais il y a eu 600 intérimaires qui on été viré en mars » explique Vincent Duse.
Alors que Stellantis enregistrait un nouveau record avec 18,6 milliards de bénéfices en 2023, les travailleurs sont toujours plus maltraité par la multinationale. En témoigne le recours massif à la précarisation de l’emploi, mais aussi la suppression de poste avec 12 % d’effectifs en moins en Europe et 13 % aux USA sur la période de 2021 à 2023. Une politique qui a aussi des conséquences sur des centaines de milliers de travailleurs de la sous traitance automobile et dont les emplois sont aujourd’hui menacés, à l’image du licenciement brutal de 400 travailleurs de l’équipementier automobile MA France.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE
Le 9 juillet, le gouvernement a autorisé par décret le patronat agricole à suspendre le repos hebdomadaire des salariés pour les récoltes. Anthony Smith, inspecteur du travail, syndicaliste CGT et député LFI, dénonce une attaque grave, dans un secteur déjà marqué par de nombreux drames au travail
Crédits photo : AnRo0002/Wikimedia Commons
Le 9 juillet, le gouvernement a fait passer un décret pour suspendre le repos hebdomadaire des salariés agricoles qui font les vendanges. Sur trente jours, le repos peut désormais être suspendu une fois selon les désirs du patron pour les récoltes liées à une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) ou une Indication Géographique Protégée (IGP), que le décret considère comme des « travaux dont l’exécution ne peut être différée ».« Le droit au repos est un droit fondamental pour reconstituer sa force de travail. Des jeunes de 19 ans sont morts dans les vignes et on peut s’attendre, avec ce décret, à de nouveaux morts » dénonce Anthony Smith, inspecteur du travail, ancien dirigeant syndical CGT et député LFI au Parlement Européen.
« Là ceux qui sont à la manoeuvre c’est d’abord madame Vautrin qui a pris le décret, et avant c’était un amendement de l’UDI de la Marne, donc des lobbys viticoles, du Syndicat Général des Vignerons, et l’année dernière on avait la même demande par le biais d’un amendement du Rassemblement National » raconte Anthony Smith.
En effet, la mesure a été initialement déposée sous forme d’un projet de loi par la députée Rassemblement National Angélique Ranc, proche du Syndicat Général des Vignerons (SGV) de Champagne qui l’a même invitée à son dîner en février dernier. Elle était par ailleurs co-signée par Grégoire de Fournas et Christophe Barthès, députés RN et eux-mêmes patrons viticoles. Pour Anthony Smith, « ce qu’ils veulent dans la main d’œuvre c’est l’exploitation, et une main d’œuvre illégale on peut la sous-payer et l’exploiter beaucoup plus facilement ».
Dans la proposition du RN, la suspension du repos était justifiée par quatre arguments : « l’excellence du champagne français », les profits et exportations, la raréfaction de la « main-d’oeuvre locale » pour laquelle « imposer une journée de repos [...] aggraverait considérablement les difficultés de recrutement » et, enfin, par « l’ordre public » à cause des « complications liées au repos simultané de centaines de milliers de personnes dans un espace géographique restreint, sans activité locale ». « Parce que, c’est bien connu, le travailleur, qu’est-ce qu’il fait s’il a du repos ? Il s’avine. C’est exactement ce que soutient cette proposition » traduit Anthony Smith.
Anne-Sophie Romagny est sénatrice UDI de la Marne, un département où, au moment des vendanges, ce sont selon Anthony Smith « 100 000 travailleurs supplémentaires qui arrivent, pour trois inspecteurs du travail qui ont déjà fort à faire ». Le 11 avril dernier, la sénatrice vantait sa présence à l’Assemblée générale du Syndicat Général des Vignerons (SGV) de Champagne où la « dérogation au temps de travail saisonnier » était à l’ordre du jour et, le 6 juin, elle déposait un amendement proposant la suppression du temps de repos, dans le cadre de la loi « souveraineté agricole ». Trois jours après, Macron dissolvait l’Assemblée Nationale et le projet était censé être enterré.
Un mois plus tard, le gouvernement reprend la mesure par décret du 9 juillet, dans une version encore plus dure puisque la durée maximale du contrat n’est plus une condition. Entre temps, la ministre du Travail Catherine Vautrin s’était elle aussi affichée auprès des représentants du SGV. Une attaque en règle contre les travailleurs du secteur, dont une partie importante sont des travailleurs étrangers, visés par le « visa métier en tension » de la loi Immigration.
Anthony Smith explique que le décret systématise des pratiques déjà en vigueur : « Ça existait déjà en partie, il y avait la possibilité de déroger mais c’était une décision administrative du ministère du Travail. Aujourd’hui il n’y a même plus besoin de cette décision administrative et l’employeur peut, de sa propre responsabilité, suspendre le repos hebdomadaire une fois dans un délai de trente jours ».
« Dans les vignes l’année dernière c’est six morts de la chaleur. Là on donne le signal terrible qu’on peut faire ce qu’on veut, sachant qu’il y a déjà des dérogations à la durée hebdomadaire maximale du travail dans le secteur des vendanges. La durée maximale est de 48 heures, mais on peut déroger jusqu’à 60 heures, voire 72 heures hebdomadaires dans certains cas. Si vous rajoutez la suspension du repos, vous avez 120 à 144 heures continues sur deux semaines. On augmente l’exposition des travailleurs qui sont parmi les plus précaires, dans un métier dur au possible - chaque année il y a des cas d’hébergements insalubres, de traite d’être humains - or là on renforce cette situation avec ce décret » poursuit Anthony Smith.
Dans ces conditions, les saisonniers sont particulièrement exposés aux défaillances dans l’organisation du travail. En septembre dernier, en deux semaines de vendanges, six travailleurs agricoles sont morts en France, dont quatre en Champagne. Une situation qui est particulièrement aggravée par le changement climatique puisque l’été dernier a été marqué par quatre épisodes caniculaires et des mois de juin à septembre qui ont tous été les plus chauds jamais enregistrés au niveau mondial.
Maxime Toubart, président du Syndicat Général des Viticulteurs de Champagne déclarait en septembre dernier sur BFMTV : « Les conditions ne sont pas extrêmes à 34 degrés, c’est des conditions normales. Nous on est habitués au mois de mai-juin-juillet à avoir 35, 36, 37 et maintenant 40 degrés. On le sait, on s’habille, on se couvre, on met un chapeau, on met de la crême solaire, on s’hydrate. C’est du comportement individuel. ». « Ils veulent faire peser ça sur des mesures individuelles plutôt que sur l’organisation collective du travail » dénonce Anthony Smith.
« Les patrons savent très bien s’organiser collectivement dans ce secteur quand ils ont en besoin pour leur production mais les conditions de travail des salariés c’est toujours trop compliqué. On pourrait imaginer la construction d’hébergements collectifs en dur, gérés par les coopératives viticoles, mais ça n’existe pas et vous avez partout des hébergements en tente, alors que c’est interdit » déplore Anthony Smith.
Même en pleine crise, la minorité présidentielle continue de gouverner contre les intérêts des travailleurs, qui plus est dans un secteur particulièrement précaire, tant par ses conditions salariales, par le danger physique et vital aggravé par le décret qui autorise le non-respect des temps de repos, et par les offensives racistes et xénophobes. Reprenant les mesures patronales et racistes proposées par le Rassemblement National, le macronisme prouve qu’il ne sera jamais un rempart face à l’extrême-droite, et que la défaite de ces deux courants ne pourra venir que d’une réponse du mouvement ouvrier.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE
Dans une lettre envoyée à la presse régionale, l'ex-gérant d'une grande banque d'affaires, réélu à l'Elysée par on ne sait plus par qui, fixe SES conditions pour nommer un nouveau ministre de son choix.
En écartant le Nouveau front populaire, Macron tente un coup de force anti-démocratique avec une coalition de droite à sa botte. Façon d'être toujours le maître des horloges pour une politique réactionnaire et donc anti-sociale.
L’annonce vise également à maintenir au pouvoir le gouvernement actuel jusqu’à l’émergence de la coalition de son choix exclusif.
Macron a sauvé les meubles lors de ses législatives, par la grâce des désistements anti-extrême droite, avec 163 députés élus de son ex-majorité. Dès lors, si le NFP venait à gouverner, en cohabitation avec le président de notre mauvaise république héritée depuis 1958 par le général de Gaulle, politicien éminemment de droite, les luttes dans les entreprises et la rue ne devront pas rester aux abonnés absents.
Qu’il s’agisse de nos revendications immédiates sur l'augmentation salariales et des pensions de retraite ou de l'abrogation de l'âge de la retraite aux calendes grecques, ne plaçons notre confiance que dans l'action, dans nos propres forces de progrès et de justice sociale.
Publié par Le Mantois et Partout ailleurs
SSCT - Réparation des AT/MP : "Nous avons évité la catastrophe de l’article 39"
Editions Législatives, ActuEL-CSE, édition du 08 juillet 2024. |
Après neuf mois de négociation difficile, le Comité de suivi de l’accord national interprofessionnel (Ani) sur les AT/MP (accidents du travail et maladies professionnelles) du 15 mai 2023 a accouché d’une "nouvelle architecture générale d’indemnisation des AT/MP". Une formule attachée au compromis de 1898, à travers une réparation forfaitaire et une rente duale, louée par la majorité des partenaires sociaux, mais critiquée par les associations des victimes.
Ravis d’avoir repris la main, les partenaires sociaux se félicitent à la quasi-unanimité de la copie rendue. Elle est applaudie, selon Eric Chevée, par toutes les organisations patronales qui "vont signer, ça c’est sûr" défendue par Force ouvrière (FO) qui estime "signer la fin d’une injustice" et plébiscitée par la CFTC qui "s’engage pour une meilleure réparation". Eric Chevée assure avoir également eu la confirmation de la CFDT et l’avis favorable de la CFE-CGC. Seule la CGT "réfléchit" encore. Sans doute sensible aux critiques des associations des victimes. "Je tire mon chapeau au patronat français qui est extrêmement malin, a réagi Maître Felissi, pour la Fnath (association des accidentés de la vie). Pour nous, cette réforme est trompeuse. Aujourd’hui, on a un système qui indemnise mal et qui continuera à mal indemniser ou très peu pour ne pas générer plus de charges à la branche AT/MP."
Pour autant, l’avocat de l’association des accidentés de la vie concède une amélioration. "On a évité la catastrophe de l’article 39, assure-t-il. [Ce dernier] déshabillait Pierre pour habiller Paul, en réduisant la part professionnelle pour financer la part personnelle. Ça, ça n’existe plus." Contrairement à la Cour de cassation, et comme l’exécutif, les partenaires sociaux proposent que la rente AT/MP soit duale, c’est-à-dire qu’elle indemnise le préjudice professionnelle (pertes de gains professionnels et incidence professionnelle de l’incapacité permanente) et le préjudice personnel (déficit fonctionnel permanent ou DFP qui correspond aux conséquences dans la vie courante d’un accident). Le gouvernement avait proposé une évaluation du préjudice personnel plus ou moins calquée sur celle du préjudice professionnel, qui aurait eu pour effet, selon FO, de ne pas prendre en compte certains pans du DFP et de réduire l’indemnisation des victimes. Raison pour laquelle les partenaires sociaux proposent d’attacher à ce préjudice personnel, grande nouveauté, une évaluation (et une indemnisation) "spécifique [et] distincte" du préjudice professionnel. "Le changement le plus important est que, désormais, le taux d’incapacité fonctionnelle est évalué de manière totalement autonome par rapport au taux d’incapacité professionnelle", nous explique FO. L’ensemble des composantes du DFP sont ainsi pris en compte par la rente. Ce que ne faisait pas le calcul de l’article 39. Et ce qui n’était pas couvert par la rente depuis le revirement de la Cour de cassation début 2023. "Cette absence d’indemnisation du déficit fonctionnel permanent par la rente AT-MP avait pour les victimes la saveur d’une double peine (financière et morale)", considère FO dans un communiqué du 28 juin.
Si aucun changement n’est à prévoir pour le préjudice professionnel, l’incapacité personnelle serait ainsi évaluée selon le barème du concours médical et une nouvelle indemnisation serait calculée selon le référentiel Mornet, utilisé par les juges civils dans le contentieux de la réparation du dommage corporel. "On a créé un nouveau système qui s'approche du système utilisé en droit civil", résume la juriste de FO. À ceci près, que l’évaluation doit être adaptée à la sphère travail et que l’indemnisation civile serait réduite de moitié pour les accidentés du travail. "Sans faute inexcusable de l'employeur, demain, on vous donne 50 % de ce que vous auriez eu le droit d'avoir en droit civil", explique la syndicaliste.
" On vous donne 50 % de ce que vous auriez eu le droit d'avoir en droit civil "
Une différence de traitement entre un accidenté de la route et un accidenté du travail justifié, selon FO, par le compromis de 1898. "En droit civil, vous avez trois choses à démonter : un fait générateur, un dommage et un lien de causalité. Ensuite, vous allez devant le juge, c’est une procédure longue, onéreuse et émotionnellement compliquée. C’est seulement au bout de 5 à 10 ans que vous obtenez votre indemnisation. Le compromis de 1898 facilite la vie des victimes car à partir du moment où votre AT/MP est reconnu administrativement, vous avez le droit automatiquement à votre indemnisation. Vous n’avez pas besoin de payer un avocat, d’aller pendant 10 ans devant les tribunaux, etc." Un paradigme donnant-donnant que goûte peu Maitre Felissi. "Le compromis n’est pas une histoire de salaire et de prix, s’emporte-il. C’est une histoire d’indemnisation d’un dommage corporel. Que la branche n’ait pas la capacité d’indemniser totalement une personne tétraplégique qui ne peut se servir que de son petit doigt et qui est obligé d’aller à la MDPH [Maison départementale pour les personnes handicapées]… On ne peut pas faire de compromis social sur des sujets éthiques. Les droits subjectifs sont les droits les plus profonds de la personne humaine." Ce à quoi, Jean-Marie Branstett, administrateur FO à la Commission des accidents du travail et des maladies professionnelles (CAT-MP), répond : "On peut toujours s'améliorer mais nous ne sommes tout de même pas complètement à la traîne pour ce qui est de l'indemnisation. On pourrait faire mieux mais c’est toujours un problème de négociation. De temps en temps, il faut admettre avancer petit pas par petit pas." Notons que FO souhaite que cette nouvelle architecture soit reprise dans le PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) pour 2025 mais s'inquiète de la conjoncture politique. "Nous allons proposer le texte au gouvernement qui sera en place mais nous n'avons aucune garantie qu'il soit repris, ou repris tel que nous le souhaitons".
Un autre sujet brûlant a été arbitré par les partenaires sociaux : celui de la réparation du DFP (déficit fonctionnel permanent) en cas de faute inexcusable (FIE). "Tout l’enjeu pour les interlocuteurs sociaux était d’améliorer l’indemnisation des victimes d’AT-MP en réintroduisant le DFP dans la rente, sans léser les victimes d’une FIE", nous résume la juriste de FO. Le problème étant le suivant : si la rente est censée améliorer la réparation du DFP hors FIE, elle la diminue avec FIE par rapport à la solution apportée par la Cour de cassation début 2023. "La jurisprudence de la Cour de cassation était extrêmement favorable aux personnes, explique Maître Felissi. Elle disait : "Ça suffit maintenant, y’en a marre, quand il y a une faute inexcusable, quand l’employeur est allé trop loin, on indemnise votre DFP". Sur certains dossiers, on est à 300 voire 400 000 € pour la victime. Ce qui n’existera plus avec cette réforme."
" En cas de FIE, on passe à 100 % du référentiel Mornet "
Une assertion que FO tient à tempérer. "Je rappelle que l’on compte moins de 2 000 dossiers de faute inexcusable par an, ce qui fait quand même très peu de dossiers par rapport au nombre d’accidenté et de malades du travail, rétorque la juriste du syndicat. En plus, la méthode de calcul que nous proposons permet d’avoir une majoration de rente significative en cas de FIE. On passe à 100 % du référentiel Mornet. Vous arrivez donc à des sommes quasi similaires à une réparation intégrale". Avant de nous préciser que : "Avec la nouvelle architecture, la seule différence pour ces victimes sera que le DFP sera versé sous forme de rente viagère et non pas sous forme de capital." Un choix qui « sécurise » la santé financière de la branche AT/MP. "Ça bloque toute évolution de la jurisprudence, souffle l’avocat de la Fnath. Vous voulez lui casser les pattes. C’est pour ça que vous faites cette réforme. Pour que la Cour de cassation ne dise pas un jour que c’est terminé, que vous allez indemniser ces gens [les accidentés du travail] de la même façon que les autres. Ces gens-là ont des droits subjectifs comme toute personne et il n’y a pas de raison objective, morale et juridique de ne pas le faire." La Fnath, qui a eu accès à un document "réflexions paritaires faisant suite aux groupes de travail 2024 sur la dualité des rentes AT /MP" daté du 16 avril, développe ses inquiétudes dans un communiqué du 30 avril.
Avec la réintégration du DFP dans la rente, l’employeur fautif, comme souhaité par le gouvernement à l’occasion du PLFSS pour 2024, ne serait plus seul à prendre en charge financièrement le préjudice fonctionnel, le montant correspondant à la rente non majorée étant payé par la mutualisation employeur. La Caisse de la sécurité sociale ne pourra lui demander qu’un remboursement pour la part majorée et il ne supportera, seul, que l’indemnisation des autres préjudices non couverts par la rente (souffrances temporaires, préjudice d’agrément, préjudice esthétique, préjudice sexuel, etc.). "C’est très important pour les TPE/PME, rend compte Eric Chevée. En cas d’accident du travail, sans le système AT/MP, elles disparaissent. Les dirigeants n’ont pas la possibilité de se planquer derrière une chaîne de décisions ou des délégations de responsabilité qui diluent la responsabilité. Nous marquons une différence avec les grandes entreprises". Réaction de Maître Felissi : "Sur ces sujets, on a trop laissé les grandes entreprises donner le la, estime-t-il. Elles ont les moyens mais refusent que le prix de l’indemnisation leur coûte plus cher. On aurait pu trouver un système intelligent qui protège les TPE/PME du risque tout en permettant une véritable justice sociale pour les salariés." Note pour plus tard ? |
Publié par CGT COMPIEGNE FACEBOOK
Face aux manques d'effectifs et au terme d'une grève de deux jours très suivie, les travailleurs postés des dépôts pétroliers de la CIM au Havre ont arraché des embauches et des revalorisation d’échelon associées à des augmentations de salaires selon les compétences.
Crédit photo : capture d’écran Vidéo France 3 Normandie
C’est une victoire qu’ont obtenue les salariés de la CIM après une grève de deux jours au dépôt de carburants du le port du Havre. Les grévistes ont obtenu l’embauche de personnes supplémentaires, ainsi que des augmentations de salaires, en faisant reconnaitre les compétences des salariés.
La Compagnie Industrielle Maritime est la compagnie qui gère les terminaux de stockage d’hydrocarbures et de pétrole à l’embouchure de la Seine, au Havre. La CIM alimente les raffineries Total de Normandie, la plus grande de France, celle de Gravenchon, de Grandpuits, la région et les aéroports de Paris. Dans le contexte de montée des tensions internationales, ces dépôts ont aussi une vocation très stratégique puisque le Havre est à l’extrémité de « l’oléoduc de défense commune » de l’OTAN qui va jusqu’à Cambrai, d’où il rejoint le réseau stratégique de l’alliance en Europe.
La grève des travailleurs postés part de deux problèmes de longue date, en lien avec le sous-effectif chronique : le refus de la reconnaissance des compétences liées à certains postes que les salariés devaient exercer sans revalorisations salariales équivalentes, et le manque d’effectifs formés pour remplacer les travailleurs en service de quart.
Ce « sous-effectif fonctionnel » n’est pas nouveau : « Moi ça va faire dix ans que je suis dans la boîte et j’ai toujours connu ça » raconte Lilian Lemoine, secrétaire général de la CGT CIM, qui évoque les départs en retraite non remplacés, qui ont participé à alourdir la charge de travail des salariés et le manque de personnes dans le pôle sécurité.
Le combat part de la fin 2023, où la CGT s’est aperçue au cours d’une réunion que les cadres touchaient « cinq fois plus » qu’eux dans le cadre des retraites supplémentaires. Comme l’entreprise ne voulait pas les mettre au même niveau, elle a accepté de négocier avec le syndicat l’ouverture d’une négociation sur la revalorisation de la grille des coefficients, comme la CGT CIM le demandait en vain depuis au moins 20 ans.
Lilian Lemoine, secrétaire général de la CGT CIM, explique qu’à partir de là « on faisait face à une politique de pourrissement », avec une direction qui fait mine d’approuver le constat du syndicat mais qui, « par ses propositions, fait tout le contraire de ce qu’on dit : pas de reconnaissance des compétences, pas de revalorisation des entrées de poste alors que leur niveau de responsabilité a explosé ».
Depuis des mois, les CSE [Comité Social et Économique, réunions entre la direction et les délégués du personnel chargés de représenter les intérêts salariés et de défendre leur sécurité et la justesse des rémunérations] se passent « très mal ». Le secrétaire général de la CGT CIM évoque une « ambiance complètement délétère ». « Face à ça on a alerté nos syndiqués et on leur a dit qu’on pensait qu’il fallait augmenter le rapport de force et partir en grève. ».
Rassemblés en assemblée générale le mardi 25 juin, les travailleurs de quart votent alors à la quasi-unanimité des voix (et une unique abstention) de se mettre en grève si la réunion de négociations du jeudi suivant se passait mal. « Là on retombe sur des propositions qui allaient encore plus dans le sens inverse de ce qu’on demandait. Il n’y avait aucune revalorisation des postes mais en plus ils rajoutaient des charges de travail à chacun » raconte le secrétaire général de la CGT.
Lilian raconte aussi comment la grève a débuté : « Quand on est arrivés le dimanche soir dans l’entreprise, face à l’équipe de quart qui était présente on a refait un vote et ça a été voté à 100 % aussi ». La grève a débuté à 20 heures 20 le dimanche soir et elle a duré 44 heures jusqu’au mardi après-midi. Elle a été suivie par tous les travailleurs des trois équipes de quart qui se sont relayées pendant sa durée, équipes qui ont chacune revoté la grève à l’unanimité.
Cette grève s’est soldée par 16 heures de négociations en faveur des grévistes qui ont obtenu plusieurs de leurs revendications. « On a ramené la direction à une vraie table des négociations grâce au rapport de force. Force est de constater que ça fonctionne ! Sans ça, se mettre autour d’une table et discuter, sans rapport de force, tu vois que c’est une politique de pourrissement, puis t’arrive à rien. » explique le secrétaire général CGT.
Les grévistes ont obtenu la création d’un « pôle briseur », c’est-à-dire l’embauche de cinq remplaçants pour les travailleurs. Actuellement, en quart en cas de maladie ou de blessure, ce sont souvent des personnes qui n’ont pas les compétences qui les remplacent. « Avant on était remplacés par des salariés qui sont pas du tout du métier, en étant en effectifs minimes » explique Lilian.
Lilian raconte : « C’est une victoire car ça fait très longtemps que l’entreprise n’a pas augmenté le nombre de salariés, donc cinq ça paraît ridicule mais c’est une PME à la base la CIM, qui fait beaucoup d’argent. La part des actionnaires ces dernières années n’a fait que grossir. Avant, ils prenaient 33 % des bénéfices. Maintenant ils tournent à 40 %. Donc la masse salariale ne fait que diminuer et les investissements dans l’entreprise aussi ».
En effet, les 234 travailleurs des dépôts havrais de la CIM ont produit, en 2023, plus de 143 millions d’euros de chiffre d’affaire net (+11% par rapport à 2022) d’après le compte-rendu de l’assemblée générale d’avril dernier. Toujours d’après ces chiffres, les actionnaires ont payé les salariés 20,3 millions d’euros au total et ils ont dégagé 47,7 millions d’euros de bénéfices.
C’est près de la moitié de cette somme que les actionnaires, des supermarchés financiers de la banque et de l’assurance ont voté « à l’unanimité » de s’approprier, à titre de dividendes et en un quart d’heure de réunion entre 17h30 et 17h45 le 2 avril dernier. Cela représente plus de 25,7 millions d’euros pour l’année 2023 seulement (+16% par rapport à l’année dernière). Dans le détail, 10,3 millions d’euros reviennent à la filiale assurance du Crédit Agricole, 6,3 et 5,8 millions respectivement pour la holding Infra-Invest dirigée par CNP Assurance et la banque-assurance SwissLife et enfin 3,4 millions pour la filiale assurance de la Société Générale. L’assemblée était présidée par Erwan Keromest, dirigeant du Noven Group Infra, lui-même salarié de toutes ces « bancassurance ».
Outre les gains sur les effectifs, les grévistes de la CIM ont obtenu des reconnaissances de compétences et des revalorisations salariales en lien avec les compétences des salariés. Lilian en décrit les changements : les postes à responsabilité (chefs de quart, de groupes, remplaçants, opérateurs de salle de contrôle) sont passés agents de maîtrise. « Ce sont eux qui gèrent des équipes, qui s’occupent des plannings, qui ont des responsabilités en cas d’incident et qui font sorte que les quarts se déroulent bien ». Des revalorisations qui concernent également les postes « d’en bas » : « on est tous passés au pallier au-dessus ! »
Les grévistes ont notamment obtenu la levée des quotas pour chaque pallier salarial, et le fait qu’un travailleur qui doit, à cause des sous effectifs, effectuer des tâches dévolues à un salarié bénéficiant de la grille de l’échelon supérieur, soit revalorisé. « Une fois que t’es formé, s’il y a validation des acquis, tu prends ce coefficient de poste là. Qu’on te demande ou pas de remplacer la personne, maintenant t’es payé au même niveau. » explique Thomas, qui constate les avancées de cette conquête.
Si, pour l’instant, ces mesures ne s’appliquent qu’aux travailleurs postés, la CGT ne compte pas s’en tenir là : « Les équipes de jour ne nous ont pas remplacées mais elles n’ont pas non plus fait grève, du coup là on n’a pas pu parler pour elles, mais on s’est mis d’accord avec la direction et, en septembre prochain, on y revient pour parler du reste des salariés dans l’entreprise ». D’après l’accord de sortie de grève, à la rentrée, la direction devrait participer à des négociations dont elles sait par avance que tous les salariés auront en mémoire le souvenir frais de la victoire de leurs collègues au début de l’été et, peut-être, l’envie de l’imiter.
« Ce qui est sûr c’est qu’ils ont de nombreuses attentes, parce qu’ils ont se sont rendus compte que c’était possible. C’est un élargissement du champ des possibles. Ils se rendent qu’on compte qu’on peut aller chercher de la reconnaissance et des bonnes conditions de travail. Les gens se rendent compte que le rapport de force de force est utile. » conclut le secrétaire général Lilian Lemoine, qui assure que la CGT revendiquera la reconnaissance des compétences et la mise à jour de la grille des coefficients pour l’ensemble de l’entreprise.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE
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Les progrès, que ce soit en terme de salaires, de repos, de garanties pour leur santé ou leur retraite, ont toujours été acquis par l’organisation des travailleurs. Le rapport de force qu’elle crée permet de faire plier le patronat, soit directement par de grandes grèves, soit par la peur de celles-ci.
Sans nous, aucune richesse n’est produite, sans nous, ils ne sont rien. Ils le savent et manœuvrent continuellement pour nous empêcher de nous organiser, pour nous diviser, nous empêcher de gagner de nouveaux droits et nous reprendre ceux durement acquis.
Pour un meilleur avenir, pour nos enfants, recommençons à nous unir, préparons-nous, pour à nouveau frapper fort et reprendre ce qui nous appartient !
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