Une étude de l’Apec fait la lumière sur les écarts de salaire injustifiés entre hommes et femmes.
A l’approche de la Journée de la femme, dimanche, le constat dressé par l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) témoigne du chemin restant à parcourir en matière d’égalité professionnelle. Dans le privé, à poste équivalent et « toutes choses égales par ailleurs » (âge, ancienneté, lieu et temps de travail, etc.), une femme cadre gagnait en 2013, en brut fixe, 8,5 % de moins qu’un homme (8,2 % en Ile-de-France, 8,6 % en province), montre la vaste enquête menée auprès de 14.000 cadres et publiée aujourd’hui par l’Apec. Ce chiffre a le mérite de mesurer la discrimination salariale « brute », au-delà des écarts de salaires moyens et médians aux facteurs explicatifs multiples.
Surtout, l’étude pointe que l’écart se creuse « de façon quasi linéaire avec l’âge », passant de 4,2 % avant 30 ans à 12,5 % passé 50. Le diplôme ne protège pas du phénomène mais le réduit : plus le diplôme est élevé, moins l’écart de salaire est marqué : il passe de 10,2 % pour les bac + 2 ou moins à 7,5 % pour les bac + 5 et plus.
Femmes : 36 % des cadres
L’écart varie aussi selon le type de poste occupé. Toujours à postes et profils semblables, il est ainsi deux fois plus élevé dans les directions d’entreprise et les services commerciaux (14, 1 % et 12,4 %) que dans la communication (6,2 %). Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, le taux de féminisation n’agit pas en bouclier : dans les ressources humaines, où l’on compte deux tiers de femmes, l’écart est de 11,3 % en faveur des hommes ; dans l’informatique, où l’on trouve peu de femmes (20 %), l’écart salarial est plus faible, à 5,5 %.
Alors que les femmes représentent désormais 36 % des cadres, l’étude indique aussi que leur salaire fixe moyen atteint, en brut annuel, 45.520 euros, soit 8.400 de moins que les hommes. L’écart est de 18,6 % mais il se réduit dans la durée (22 % en 2008). Il s’explique aussi par les effets de carrière, de secteurs et d’ancienneté : les femmes sont plus jeunes, plus nombreuses dans les secteurs moins rémunérateurs et, s’occupant plus des enfants, ont des carrières plus heurtées. Sans oublier le poids de l’autre grand champ de discrimination au travail : un moindre accès aux postes les plus élevés. De nombreux indicateurs témoignent que, malgré des progrès ces dernières années suite à des durcissements législatifs, l’égalité est encore loin.