Quinze jours déterminants. Du côté du gouvernement, le voile sur le contenu des ordonnances sera enfin levé jeudi 31 août. Après deux mois d’une bien étrange concertation, sans texte posé sur la table et sans mesures clairement annoncées, le couperet va tomber. Le reste du calendrier institutionnel est connu. Les organisations professionnelles devront se prononcer sur le texte pour la Commission nationale de la négociation collective du 6 septembre. Mais leur avis n’est que consultatif. Ensuite, les ordonnances doivent être adoptées le 20 septembre en Conseil des ministres. Enfin, la loi de ratification sera soumisse à l’Assemblée nationale, en octobre pour le clap de fin.
Changement de braquet aussi du côté syndical. La CGT réunit aujourd’hui son Comité confédéral national pour définir sa stratégie et se mettre en ordre de bataille. Toutes les organisations de salariés vont décortiquer rapidement les textes définitifs et se positionner. La CGT, ainsi que Solidaires ont déjà annoncé un appel à la grève le 12 septembre. Les autres confédérations annonceront leurs intentions dans les prochains jours.
Avant même la publication des ordonnances, l’union syndicale Solidaires déclenche les hostilités. Elle appelle à un blocage symbolique de l’Université d’été du Medef le 30 août. Par cette action, le syndicat entend dénoncer « les collusions entre le gouvernement et un Medef très offensif ». Une manifestation reliera en fin de matinée la gare de Jouy-en-Josas à l’entrée du lieu de réunion du patronat. Plusieurs associations comme le DAL ou Attac se sont associées à l’appel, ainsi que l’UD-CGT des Yvelines et l’antenne locale du Front social de ce département d’Île-de-France.
« Nous attendons un millier de personnes », estime Verveine Angeli, secrétaire nationale de Solidaires. Prévue un jour de semaine, à la veille de la grève du 12 septembre, la syndicaliste ne compte pas sur une mobilisation massive. « Les gens vont se réserver pour cette date ». Une manifestation essentiellement militante, mais donnant un signal de départ à la contestation.
Le vrai test de l’opposition à la loi travail est programmé le 12 septembre. Pour l’heure, seules la CGT et Solidaires appellent à la grève ce jour-là. Des manifestations sont prévues à Paris et en province. Mais la publication des cinq ordonnances ce jeudi devrait clarifier les positions.
S’il est peu probable que la CFDT se dresse contre le projet du gouvernement, la position de FO reste incertaine. Dans plusieurs départements, la centrale réformiste se joint aux appels à manifester, malgré les déclarations conciliantes de son secrétaire général. Autre inconnue, la CGC. Le syndicat des cadres a multiplié les critiques au cours de l’été. À défaut d’être un poids lourd dans la contestation sociale, son ralliement aux côtés des opposants à la loi travail serait symboliquement un échec pour le gouvernement.
Difficile pour le moment d’évaluer la force de la première journée de mobilisation. Même si l’exécutif dégringole dans les sondages, il n’est pas certain que ce désamour se transforme en manifestations massives. « Les salariés ne sont pas encore rentrés de vacances, au moins dans leur tête », explique un syndicaliste de la CGT, se gardant de tout pronostic pour le 12 septembre comme pour les suites de la contestation.
De son côté, la France insoumise appelle seule à une manifestation à Paris le 23 septembre, faisant grincer des dents au sein de la CGT. Interrogé à ce propos lundi 28 août sur LCI, son secrétaire général, Philippe Martinez a prudemment renvoyé chacun à son créneau syndical ou politique. Avant d’évoquer et souhaiter « d’autres rendez-vous avant et après le 23 ». La date du 20 septembre, jour de validation de la loi travail en Conseil des ministres, circulerait dans la CGT.