Augmentation de la précarisation par États américains depuis 2000 (en pourcentage)
On s’en doutait un peu, mais ça va mieux en le démontrant : selonun rapportde The Economic Innovation Group, la précarisation économique de la population américaine ne cesse de s’aggraver et de s’étendre.
Ce rapport, intitulé « Distressed communities », a évalué la situation économique de la population américaine selon sept critères :
On s'en doutait un peu, mais ça va mieux en le démontrant : selon un rapport de The Economic Innovation Group, la précarisation économique de la population américaine ne cesse de s'aggraver et...
Les syndicats sont sortis "effarés" jeudi soir d'une réunion avec la ministre des Transports, Elisabeth Borne, et les fédérations patronales, avec lesquelles les discussions ont été "très tendues", notamment sur l'application de la réforme du travail par ordonnances. Les syndicats (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC) n'ont "rien obtenu de concret" et, pire, ont appris "avec stupeur que les ordonnances venaient impacter les frais de route", ce qui représente un "coup de tonnerre" pour la profession, selon Jérôme Vérité (CGT), qui s'est dit "effaré" à la sortie du ministère. Ces indemnités (repas, frais de découcher,...) peuvent représenter jusqu'à "1.000 euros par mois sur la fiche de paie pour un conducteur zone longue", a-t-il expliqué à l'AFP, FO évoquant de son côté entre "600 et 1.200 euros par mois" selon le type de mission. Les ordonnances permettent la remise en cause, entreprise par entreprise, de "toutes les primes" qui jusqu'à présent étaient garanties par les conventions collectives, c'est-à-dire les frais de route, primes d'ancienneté ou encore le 13e mois dans le transport routier de voyageurs, a indiqué à l'AFP Christian Cottaz pour la CFDT. Les syndicats ont demandé à ce que les primes soient sanctuarisées, mais "le patronat ne veut rien lâcher", selon Patrice Clos de FO. "Très énervée", la CFDT a claqué la porte au cours de la réunion qui a duré 5 heures, décrivant des "discussions très tendues avec un patronat qui ne veut lâcher absolument rien". Une nouvelle rencontre est prévue le 4 octobre entre syndicats et fédérations patronales, qui ont quitté le ministère vers 21H00 sans commentaire. La rencontre pourra servir à "évoquer les éléments liés à la rémunération, sur lesquels il y a des inquiétudes, sur la question de l'ancienneté notamment", a déclaré plus tard à l'AFP Jean-Marc Rivera de l'OTRE. Dans un communiqué publié à l'issue de la réunion, la ministre a "pris acte" du fait que "de nouveaux sujets sont apparus lors de la discussion". "Ces sujets vont être expertisés, et le dialogue doit se poursuivre dans un esprit constructif et responsable", a-t-elle indiqué. L'expertise devra porter sur "les frais de déplacement spécifiques aux chauffeurs routiers", précise le communiqué, qui ajoute que Mme Borne a "proposé par ailleurs que les accords d'entreprise sur les rémunérations dans le transport routier fassent l'objet d'un suivi par les observatoires de la négociation, prévus par les ordonnances, en lien avec les instances nationales de branche".
D'ici au 4 octobre, la CGT va faire "le tour des troupes" pour décider des suites à donner au mouvement reconductible qu'elle a lancé lundi avec FO, selon son représentant qui imagine "remettre un grand coup dès la semaine prochaine". FO "n'appelle pas à lever la grève" en cours, a indiqué pour sa part M. Clos. De leur côté, CFDT et CFTC laissent planer la menace d'une grève à partir du 10 octobre.
Ces salariés du Sud-Est dénoncent leurs conditions de travail et le licenciement abusif d’un de leurs collègues.
Au Rousset, dans les Bouches-du-Rhône, des salariés d’un entrepôt de Lidl, distributeur épinglé dans un reportage de "Cash Investigation" mardi, sont en grève ce mercredi. Le mouvement, qui a débuté mardi, doit durer au moins jusqu’à jeudi matin, a précisé Christophe Polichetti, délégué syndical et secrétaire général de la CGT Lidl Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Aucun camion ne sort de l’entrepôt, qui emploie environ 150 salariés, depuis mercredi matin, et les magasins de la région pourraient connaître des problèmes d’approvisionnement en produits frais et en fruits et légumes, a-t-il affirmé. Environ 50 salariés sont en grève, selon lui. La direction de Lidl n’a pas réagi dans l’immédiat.
"Soulagé" par le reportage de France 2
Au Rousset, les salariés réclament "un changement des pratiques de management", l’arrêt "des menaces et des grossièretés" de la part de l’encadrement, et des avancées sur la façon dont sont décidés les plannings. Le syndicaliste explique avoir été "soulagé" de voir les conditions de travail dans l’entreprise rendues publiques par le reportage diffusé sur France 2 : "J’aimerais envoyer des fleurs" à la journaliste Sophie Le Gall qui l’a réalisé.
Le reportage, intitulé "Travail, ton univers impitoyable", pointait en pleine réforme du Code du travail des méthodes de management aux conséquences parfois très lourdes, chez Free et Lidl. L’émission a établi son record d’audience historique avec ce sujet.
Une sanction "disproportionnée"
Les syndicats du Rousset (CGT, CFDT, UNSA et Sud) réclament par ailleurs la réintégration d’un collègue, licencié, selon eux pour "faute grave", après avoir quitté son poste 17 minutes avant l’heure. "Il avait prévenu ses supérieurs et on lui reproche d’avoir prêté son badge à un intérimaire, qui sans cela, ne pouvait pas aller travailler", a relaté Christophe Polichetti.
"C’est une sanction complètement disproportionnée", ajoute le représentant du syndicat UNSA, Frédéric Blanc, qui dénonce les "abus de pouvoir" dans l’entreprise. "J’invite la ministre du Travail à venir nous voir, pour lui expliquer la réalité de comment ça fonctionne".
Lidl répond à Cash investigation : "Nous avons encore du chemin à parcourir"
Dans un communiqué de presse diffusé ce mercredi, l’entreprise Lidl a répondu à l’émission Cash Investigation de mardi. Concernant le management, "les extraits dévoilés dans l’émission sont inacceptables et nous les condamnons sans aucune ambiguïté, assure Lidl. Ce sont des propos isolés, contraires à tout ce que notre entreprise représente et veut représenter".
"Notre objectif est avant tout que nos salariés restent le plus longtemps dans l’entreprise, et qu’ils bénéficient du succès de Lidl dont ils sont les premiers artisans", assure encore l’entreprise. "Nous savons que nous avons encore du chemin à parcourir, mais nous pensons que nous avons réalisé de nombreux progrès depuis notre transformation commencée en 2012. Nous allons poursuivre ces efforts et continuerons à écouter nos salariés pour construire avec eux notre avenir".
Entre la vie et la mort. Harcelé par son chef au boulot, il s’immole devant lui
Qu’est-ce qui pousse un homme de 51 ans, marié, père de deux enfants, travaillant dans une entreprise de nettoyage industriel depuis 25 ans, à s’asperger d’essence et de s’immoler ? Qui plus est sur son lieu de travail, et devant son supérieur hiérarchique ?
Selon sa famille, c’est le harcèlement systématique, moral et psychologique, dont faisait l’objet Manuel Lopez De Melo qui l’aurait poussé à ce geste désespéré. C’est l’une de ces proches qui a rendu public à Sud Ouest ce cas de violence extrême au travail qui est survenu lundi, à Bussac-Forêt, en Charente-Maritime.
Manuel Lopez De Melo travaille depuis 25 ans dans le nettoyage industriel. Il est employé chez Onet, dont RévolutionPermanente.fr a déjà pointé les pratiques, et travaille sur le site de la cimenterie de Bussac, propriété du groupe Italecementi. Mais « on veut le pousser à la démission ». Pour cela, toutes les méthodes sont bonnes. Et les chefs, les DRH, les supérieurs, savent y faire.
Lundi, Manuel Lopez s’est donc aspergé d’un mélange de produits inflammables et s’est donné le feu, devant son supérieur et plusieurs de ses collègues. Transporté en urgence au CHU de Bordeaux, son état est jugé critique. Sur place, à Bussac, et chez Onet Angoulême, on a mis en place une « cellule psychologique ». Une nouvelle violence de la part de patrons qui refusent systématiquement de reconnaître leur responsabilité dans ce genre d’affaires.
Macron vient de signer les ordonnances de sa Loi travail XXL qui prévoit de renforcer encore plus l’arbitraire patronal dans les usines et les administrations, à commencer par faciliter les licenciements et les contrats ultra-précaires. Le cas de Manuel Lopez est un exemple supplémentaire pour comprendre que ces contre-réformes pro-Medef doivent être stoppées net et combattues par tous les moyens.
Invitée ce mardi 26 septembre sur le plateau de Cash investigation, l'émission d'Elise Lucet sur France 2, la ministre du Travail Muriel Pénicaud s'est totalement embourbée quand la journaliste...
Cash investigation : la ministre du Travail Muriel Pénicaud s'embourbe face à un licenciement abusif
Invitée mardi 26 septembre 2017 sur le plateau de Cash investigation, l'émission d'Elise Lucet sur France 2, la ministre du Travail Muriel Pénicaud s'est totalement embourbée quand la journaliste lui a présenté les conséquences de sa réforme par ordonnances du code du travail pour Nelson, victime d'un licenciement abusif.
De la théorie à la réalité. Invitée ce mardi 26 septembre sur le plateau de Cash investigation sur France 2, la ministre du Travail Muriel Pénicaud s'est trouvée confrontée aux conséquences concrètes de sa réforme par ordonnances du code du travail. Au terme du reportage du jour, intitulé "Travail, ton univers impitoyable", Elise Lucet lui a en effet présenté le cas de Nelson, l'un des intervenants du reportage, salarié viré par Free après moins d'un an d'ancienneté et dont le licenciement a été jugé abusif par le tribunal des prud'hommes.
Chiffres du chômage : Une précarité cachée qui doit être stoppée
Les chiffres du chômage parus ce mardi 26 septembre 2017 indiquent uneaugmentation du nombre de chômeurs.
- En catégorie A (Personnes sans emploi tenues d’effectuer des actes de recherche d’emploi) de 0.6% sur un mois, 1.3 % sur trois mois mais en baisse de 0.3 % sur un an. Ils montent de 3 518 100 à 3 540 400 sur un mois.
- Les catégories B et C (personnes ayant travaillé une partie du mois) passent de 2 103 300 à 2 105 600 soit une accentuation de 0.1% sur un mois et 1.9% sur trois mois, et donc un bond de 7.5% en un an.
- Les effets du plan 500 000 formations s’amenuisent ce qui provoque une diminution de la catégorie D (Personne sans emploi qui n’est pas immédiatement disponible) de 9.9 % sur un an. On peut constater que le nombre de privés d’emploi, toutes catégories confondues s’accroit de 1.5 % et passe de 6 604 500 à 6 705 000 au cours de l’année écoulée
.
C’est encore une foisune hausse de la précarité qui fait l’actualité. Que ce soit selon l’INSEE ou Pôle emploi, les chiffres du chômage relatent une hausse de la précarité importante. L’INSEE nous dit que le sous-emploi représente 6.1 % des personnes qui travaillent, des chiffres également en hausse. Selon les chiffres de Pôle Emploi, 2 105 600 salariés inscrits relèvent de l’emploi précaire.
Par ailleurs, laCGTcondamne fermement les suppressions des centaines de postes programmées à Pôle Emploi.
A l’aube de nouvelles discussions sur l’assurance chômage, le gouvernement ferait bien de faire preuve d’innovation, et favoriser l’emploi en CDI à temps plein qui coûte beaucoup moins cher à l’Assurance Chômage que les contrats courts.
Une vraie taxation des contrats courts est une solution simple et pérenne qui ralentirait leur utilisation exponentielle par les employeurs. LaCGTa fait des propositions dans ce sens, et les complètera dans les futures rencontres multilatérales qui doivent s‘amorcer début octobre. LaCGTdéfend l’instauration d’une sécurité sociale professionnelle assurant un revenu de remplacement à toutes et tous, et appelle à la mobilisation de toutes et tous.
Qu’on soit actif ou privé d’emploi, précaire ou retraité, participons aux initiatives contre les ordonnances travail et montrons notre détermination à vouloir une politique de l’emploi digne, qui ne laisse personne sur le côté de la route !
Avec le Jeune Karl Marx, le cinéaste engagé nous montre une pensée émancipatrice se forgeant au cœur de l’action politique pour changer le monde.
Comment est née l’idée de ce film, le Jeune Karl Marx ?
Raoul Peck
Au départ, c’est Pierrette Ominetti, d’Arte, qui m’a sollicité. Je n’aurais jamais osé proposer moi-même à une télévision française de faire un film sur Marx. N’oublions pas que nous sommes alors avant la crise financière de 2008 : l’idée selon laquelle le capitalisme serait l’horizon indépassable de l’histoire est encore largement dominante ; parler de « lutte des classes » est perçu comme une aberration. Le capital avait gagné sur toute la ligne. Quoi qu’il en soit, quand Arte m’a demandé de travailler sur le sujet, j’ai sauté sur l’occasion. Car, pour moi, Marx a toujours été incontournable. On ne peut rien expliquer de la société (capitaliste) dans laquelle nous vivons sans revenir à sa pensée, aux concepts qu’il a forgés et à sa grille d’explication. Je me suis donc attelé à la tâche. Mais au bout d’un certain temps, réalisant l’ampleur du projet, et n’ayant pas réussi à trouver une façon efficace de traiter le sujet en docu-fiction, j’ai décidé de revenir à une fiction pure et de le produire avec ma société de production, Velvet Film.
Pourquoi avoir choisi de vous focaliser sur les années de jeunesse ?
Raoul Peck
Je savais d’emblée que je ne pourrais pas me confronter au « vieux barbu ». Car, en ce cas, il m’aurait fallu non pas un, mais dix films, pour pouvoir défaire toutes les instrumentalisations et les déformations dont son œuvre a été l’objet. J’ai donc pris le parti de me concentrer sur la genèse de sa pensée, cette période qui court de la thèse de doctorat (1841) au Manifeste du Parti communiste (1848). C’est dans ces années que naît chez lui l’ambition d’établir une science de l’histoire des sociétés. Et tout est là.
Dans l’histoire du marxisme, l’évocation du jeune Marx renvoie, en France, à ce qu’on a appelé, dans les années 1960, la « querelle de l’humanisme », avec Louis Althusser postulant une « coupure épistémologique » entre le jeune Marx, empreint d’idéalisme humaniste, et celui de la maturité, du Capital, devenu pleinement « scientifique ». Aviez-vous cette idée en tête ?
Raoul Peck
Je connais bien sûr ce débat, mais, en l’occurrence, non, ce n’était pas l’arrière-plan de ma démarche. Précisément, j’ai commencé par mettre à distance tous les « experts » de Marx, les interprétations, pour ne me baser que sur les correspondances. Je voulais montrer Marx, Engels et Jenny, la femme de Marx, dans leur vie concrète, à partir de leurs propres paroles. Ils sont jeunes, ils ont la vingtaine, ils sont révoltés et ils ambitionnent de changer le monde. C’est cela, le cœur du film. Et mon but, dès le début, a été que cette formidable histoire inspire les jeunes d’aujourd’hui, qu’elle nourrisse leurs propres combats. Je n’ai pas fait ce long métrage en regardant dans le rétroviseur, mais bien devant, vers le présent et l’avenir. Ce film se veut un appel à prendre sa vie en main, comme l’ont fait ces trois jeunes gens à leur époque, et à changer tout ce qui doit l’être, sans se poser de limites a priori. Connaissez votre histoire, apprenez à repérer les liens entre les événements à première vue épars, armez-vous intellectuellement, organisez-vous et battez-vous ! C’est un travail ! Tel est le message.
Votre film comporte une scène qui condense les débats ayant présidé à la transformation de la « Ligue des justes » en « Ligue des communistes ». L’exigence de scientificité paraît centrale dans le propos d’Engels, qui est alors à la tribune pour défendre les idées qu’il partage avec Marx…
Raoul Peck
Oui, il met en avant la nécessité de sortir du romantisme. La Ligue des justes avait pour devise « Tous les hommes sont frères ». Engels confronte avec éloquence ce slogan à la réalité des contradictions sociales. Comment soutenir, en effet, que le patron et l’ouvrier, l’exploiteur et l’exploité, sont frères ? Non, décidément, tous les hommes ne sont pas frères. La nouvelle devise s’impose alors : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » Bien entendu, aujourd’hui, à nous de savoir qui inclure dans le terme « prolétaire ».
L’idée centrale du film n’est-elle pas là, justement ? Dans la façon dont il montre la maturation d’un communisme partant des contradictions du réel pour aller à la réalisation de l’idéal, contre un socialisme utopique plaquant l’idéal sur la réalité, et désarmant, dès lors, les prolétaires ?
Raoul Peck
Les réponses qui venaient dans l’esprit des gens de l’époque étaient celles de leur temps. On se trouve au début de la révolution industrielle, après la Révolution française. On commence juste à comprendre que ce sont les hommes qui font l’histoire, alors même que se met en place une nouvelle aliénation du travail, au travers des grandes fabriques. Ce contexte contradictoire favorise l’essor des grandes utopies, tel le Phalanstère de Fourier. Mais, c’est vrai, Marx a fondamentalement renouvelé la pensée du mouvement ouvrier naissant, en invitant à repartir de l’analyse méticuleuse des structures de la société. Pour lui, c’était la seule vraie méthode pour décider ensuite – ensemble – dans quelle direction s’engager. Le romantisme ne l’intéresse pas ; il veut des démonstrations, avec des arguments et des preuves. C’est une manière de penser très allemande, en un sens. En allemand, le verbe est placé en fin de phrase. Cela oblige à réellement réfléchir à ce que l’on veut dire, avant de le dire. C’est une langue structurante. Dans le film, la scène où Marx pousse Proudhon dans ses retranchements sur la question de la propriété illustre bien cette différence culturelle. Face à un Proudhon qui décrète que, « la propriété, c’est le vol », Marx demande : « Quelle propriété ? » Et il ne le lâche pas. Il ne peut se satisfaire de telles généralisations.
Comment êtes-vous parvenu à rendre captivants, à l’écran, des débats philosophiques complexes qui, sur le papier, peuvent rebuter les non-avertis ?
Raoul Peck
Cela nous a pris dix ans pour y parvenir (rires). Il n’y a pas de secret. La première ébauche du scénario était beaucoup plus didactique. Il a fallu énormément travailler pour se rapprocher, version après version, du cinéma. Mais un cinéma basé sur le réel, un cinéma rigoureux ! Nous n’avons rien inventé. J’ai pu aussi compter sur le talent de mon ami scénariste Pascal Bonitzer, qui sait transformer des scènes susceptibles d’être trop théoriques en scènes vivantes, sans jamais rien lâcher sur le fond, sur la rigueur du propos. J’ai également choisi en priorité des acteurs venant du théâtre : August Diehl (Karl Marx), Stefan Konarske (Friedrich Engels) et Vicky Krieps (Jenny Marx). Ce sont des gens qui ont la capacité de créer d’authentiques personnages. Un dialogue, c’est une manière de se tenir, de bouger, d’habiter ou non les silences. Dans ma façon de filmer, j’ai par ailleurs souvent recours aux plans-séquences, qui offrent une vraie respiration aux acteurs, qui leur permettent de modeler véritablement leur personnage.
Quelles sont les idées-forces que vous retenez de Marx ?
Raoul Peck
Contrairement à certains de mes contemporains qui ne retiennent de lui que la partie théorique, Marx est pour moi, d’abord, une façon d’appréhender le monde avec une insatiable curiosité. Dans une joute mémorable avec Wilhelm Weitling, la figure de proue du socialisme utopique allemand de l’époque, Marx a cette phrase, que je trouve particulièrement inspirante : « L’ignorance n’a jamais aidé personne. » Or, nous baignons aujourd’hui dans l’ignorance. Ignorance de l’autre, ignorance de notre histoire. On nous présente insidieusement les migrants comme une menace, l’Europe se referme sur elle-même… On assiste à la mise en œuvre de recettes de décadence, de recettes pour fin de règne. Il faut réapprendre à penser dialectiquement, en faisant apparaître les liens cachés, en replaçant les faits dans une historicité. Il n’y a pas plusieurs histoires sur cette Terre, mais une seule dans laquelle tout est lié. La création de richesse sur un point du globe est accompagnée de la création de pauvreté ailleurs. Lorsqu’une entreprise quitte une région, y créant ainsi du chômage et de la misère, elle ne se volatilise pas. Elle part seulement exploiter ailleurs, là où les salaires sont moindres, là où le rapport de forces capital-travail est davantage en faveur du capital. Et surtout, quel que soit le lieu, ce ne sont pas ceux qui créent les richesses qui en profitent, mais les propriétaires, les actionnaires.
Votre film met le doigt sur les clivages de classes de la société capitaliste. Autant dire qu’il n’est pas a priori au diapason de l’industrie du spectacle… N’avez-vous pas rencontré d’embûches ?
Raoul Peck
Si, bien sûr ! Il faut réaliser que ce film sur Marx est le premier du genre, en Occident. Donc, forcément, on devait s’attendre à ce que des obstacles puissent surgir. D’abord, il existe encore une certaine autocensure. Moi-même, j’ai pu être pris dedans. Mais je m’en suis libéré bien volontiers. Et quand j’ai commencé à travailler, personne n’a tenté d’intervenir sur l’orientation du projet. Je ne l’aurais de toute façon jamais toléré. C’est sur le financement que nous avons connu quelques péripéties révélatrices. Avant tout, je tiens à dire que j’ai toujours pu m’appuyer sur un système qui reste largement démocratique, avec des aides, des institutions qui vous permettent, dans un cadre européen, d’atteindre un certain budget. En aucun cas je n’aurais pu faire ce film avec des investissements américains, vous l’imaginez bien… Donc, pour revenir à votre question, en France et en Belgique, nous avons obtenu plus ou moins les financements escomptés. La surprise est venue de l’Allemagne, où nous avons dû faire face, dans un premier temps, à des réactions de rejet. Lorsque nous avons soumis le film à la commission franco-allemande de soutien à la production de films, les trois membres allemands ont voté contre comme un seul homme, et le seul des trois Français à avoir également voté contre était d’origine allemande. J’ai du mal à croire à une coïncidence. Ils n’ont pas dû apprécier qu’un non-Allemand fasse un film sur une figure majeure de leur patrimoine intellectuel. À partir de là, nous avons décidé de politiser la chose et de le présenter ainsi à nos partenaires allemands. Une digue est tombée, paradoxalement devant une commission d’aide dans l’ex-Allemagne de l’Est. Après, ce fut plus simple. Le vrai scandale, en revanche, a été l’attitude de l’instance européenne d’appui au cinéma, Eurimages, qui nous a refusé une aide décisive, sous la pression de certains pays de l’ex-bloc de l’Est. Ils ont dit en substance : hors de question de faire Marx sans Staline. Un acte de censure politique pour une institution qui n’a aucune vocation d’instruire des contenus, mais de se prononcer sur le montage financier d’un projet de film et sur sa solidité. Un projet porté solidement par les trois nations les plus importantes en termes de cinéma en Europe (France, Belgique, Allemagne) a été éliminé d’office par Chypre et quelques autres pour des raisons politiques !
Votre film vise un large public. Mais que dit-il aux spectateurs qui se reconnaissent dans l’héritage de l’auteur du Capital ?
Raoul Peck
Le Jeune Karl Marx met en question les fourvoiements dans les logiques répressives, autoritaires, en montrant tout le bouillonnement démocratique auquel Marx et Engels participaient au sein du mouvement ouvrier en voie d’organisation. Les deux amis sont durs ; ils ne mâchent pas leurs mots… Mais ils sont toujours ouverts à la discussion, ils ne renoncent jamais à convaincre leur auditoire. Toute la radicalité du film est là, dans le fait de montrer la portée transformatrice de ce geste démocratique, et surtout la nécessité d’une pensée claire. Le camp progressiste, au sens le plus large, n’a jamais pu, de bataille en bataille, réellement faire son autocritique. Or, il faut confronter les erreurs, les errances, les illusions, les crimes aussi, pour initier un autre combat. Et ce, dans la démocratie.
Malgré « la répression sans précédent », la grève des routiers est reconduite ce mardi
Ce lundi, la CGT et FO appelaient les chauffeurs routiers à manifester contre la réforme du code du travail. Pour essayer de tuer dans l’œuf le premier mouvement de grève sectoriel en bataille contre la loi Travail XXL, le gouvernement a usé d’une répression sans précédent pour une première journée de grève. Malgré la répression sans précédent, la grève est reconduite ce mardi .
Crédits photo : Maxppp
« Les forces de l’ordre ont eu comme consigne de lever les blocages. Dans le Nord, il y a même eu des camions qui sont venus pour remorquer les camions qui ne voulaient pas repartir. C’est une répression sans précédent », explique Jérôme Vérité, secrétaire général de la CGT Transports. Pour la CGT Transport, cette intervention équivaut à interdire aux routiers de faire grève. Plusieurs points de blocage étaient recensés, notamment aux abords des dépôts de carburants, provoquant la pénurie dans plus de 200 stations essences. Pour éviter que la grève des routiers, débutée ce lundi 25 septembre, fasse tache d’huile en étant rejointe par d’autres secteurs, la première journée a été particulièrement réprimée. « Le gouvernement a clairement décidé de réprimer le mouvement, de réprimer la colère des routiers », explique le secrétaire général de la CGT Transports. « Le gouvernement choisit la matraque plutôt que le dialogue », insiste-t-il.
A Caen, par exemple, les forces de police ont empêchés les routiers de mettre en place un barrage filtrant sur le périphérique. « Les routiers travaillent sur le bitume. Quand ils sont en grève, ils sont sur le bitume », a déclaré lors d’une AG Jean-Marc Lambert de la CGT Transport. « Ce qui s’est passé ce matin, de se faire déloger comme des malpropres, de se faire pousser par de la police armée (...) avec deux chiens prêts à nous sauter dessus... c’est la première fois, depuis que j’exerce des responsabilités que cette méthode est employée ».
Pour l’heure, le gouvernement est à l’offensive pour casser tout mouvement de grève reconductible. La peur de la coagulation est forte chez le gouvernement qui tente d’éviter à tout prix toute jonction avec d’autres secteurs. En ce sens, se coordonner en soutien actif aux piquets de routiers est une nécessité pour commencer à construire la convergence. La meilleure façon également de soutenir les routiers pourrait être l’entrée en solidarité de la jeunesse. C’est l’une des conditions pour construire le tou-te-s ensemble afin qu’on tape au même moment et sur le même clou.
Une ancienne collaboratrice de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a été entendue jeudi par les juges. Elle assure que sa supérieure de l'époque était « informée de tout ». Des déclarations qui pourraient accélérer la procédure.
Crédits photo : PDN/SIPA
L’ancienne directrice de la communication de Business France, Fabienne Bothy-Chesneau, a été entendue jeudi par les juges et est ressortie sous le statut de témoin assistée. Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour Muriel Pénicaud. La ministre du travail, à l’époque directrice de Business France, a été accusée par son ex-collaboratrice d’être « informée de tout{} ». De plus, sur le plan juridique, la « délégation de signature » dont bénéficiait Fabienne Bothy-Chesneau « ne dessaisit pas le délégant de son pouvoir de décision ni de sa responsabilité ». En clair, Penicaud est responsable de tout ce qui a été signé par son ex-collaboratrice.
L’affaire incriminée est celle de l’organisation d’une soirée à Las Vegas par cet organisme public dépendant de Bercy et chargé de faire la promotion des entreprises françaises à l’étranger. Cette soirée, organisée pour un budget de 289.000 euros, est confiée à l’entreprise Havas sans faire l’objet d’un appel d’offres, pourtant obligatoire à partir de 207.000 euros. Et ce alors même que plusieurs mails remise par Bothy-Chesneau montrent que Pénicaud était au courant des sommes engagées.
L’ex-collaboratrice ne s’est de plus pas seulement contentée d’engager la responsabilité de la ministre du Travail dans cette affaire. Lors de son entretien avec les magistrats, Fabienne Bothy-Chesneau a évoqué « un management par le stress », des employés « poussés à bout » et des cas de surmenage. « Une atmosphère délétère et épuisante pour les équipes{} », a-t-elle résumé devant les juges. Un tableau qui n’a rien d’étonnant pour celle qui a la tâche de casser le code du travail au gouvernement.
Dans le cadre de cette enquête pour « favoritisme », Muriel Pénicaud pourrait se retrouver mise en examen. C’est en tout cas l’une des possibilités mises sur la table par les juges. Celle-ci pourrait aussi être entendue sous le témoin de statut assisté, voire ne pas être convoquée si les juges optent pour la mise en examen de Business France en tant que personne morale. Dans tous les cas, les jours de la ministre du Travail au gouvernement paraissent être désormais comptés.
Dès dimanche matin nous assistons dans nos médias à une attaque en règle, (à laquelle s’est joint le secrétaire confédéral de FO, Jean Claude Mailly, notoirement encarté au PS) à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon, parce que hier dans son discours il a dit que c’est la rue qui a participé à la libération de notre pays.
Voici un texte que j’ai écrit il y a plusieurs mois et qui prouve que « la rue » à effectivement contribué centralement à la libération de notre pays. .
D’ailleurs de Gaulle n’avait-il pas déclaré : “ Paris Libéré ! Libéré par lui même “ .et c’étaient alors les FFI parisiens, au sein desquels les communistes et les FTP jouaient le rôle moteur, qui ont conduit l’insurrection victorieuse, qu’a conclue la 2ème DB.
Le texte ci-joint prouve que la rue a effectivement participé à la Libération de la France, beaucoup plus que les grands financiers et que les patrons des grandes entreprises qui avaient continués à s’enrichir en collaborant avec l’occupant..
Ces 15 divisions désignées par le Général David Eisenhower n’étaient-elles pas sorties de la rue ? Alors pourquoi vouloir minimisé la participation du peuple français à sa propre Libération.
J’ajouterai que les 94 000 soldats de l’armée française débarqués le 15 aout 1944 sur les côtes de Provence n’étaient-ils pas sortis de la rue, alors que nos gouvernants n’évoquent que le débarquement du 6 juin mais jamais celui du 15 août.
Léon Landini,
président du PRCF
Léon Landini est résistant FTP main d’oeuvre immigré, torturé par Klaus Barbie. Il est également le président de l’amicale des bataillons FTP-MOI Carmagnole Liberté.
Dès dimanche matin nous assistons dans nos médias à une attaque en règle, (à laquelle s'est joint le secrétaire confédérale de FO, Jean Claude Mailly, notoirement encarté au PS) à l'encon...
Ce matin à 05H50, les salariés ont décidé de débrayer contre les suppressions des postes approvisionneurs sur les lignes de conditionnement dentaire.
Pour les salariés hors de question de travailler dans ces conditions, déjà actuellement elles sont très dures mais avec cette nouvelle configuration le résultat sera destructeur pour la santé des salariés.
A 09H00, entretien avec le responsable de production qui n’aura rien changé, toutes les remarques des salariés ont été balayées d’un revers de la main.
Face à ce mépris et conscience des conséquences à venir sur le plan physique et mental, les salariés ont pris la décision de continuer le mouvement. A 10H00, 80% des salariés du conditionnement dentaire étaient en Grève !
Le projet de la direction de sabrer dans les effectifs est néfaste pour la santé des salariés, nous sommes à l’aube d’une généralisation des tendinites et des TMS…
C’est par leur organisation qu’ils sont en train de nous tuer à petit feu.
Certains diront « à être défendu », d’autres « à lutter tous ensemble ». En fait, les deux idées sont inséparables. Le syndicat sert à s’unir, à s’organiser et à agir collectivement pour se défendre dans la lutte des classes et conquérir de nouveaux droits.
Le syndicat d’entreprise est la base du syndicalisme, car situé au plus près du salarié. Il fonctionne avec les syndiqués qui proposent, orientent et décident de l’activité.
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