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Le groupe PSA vient d’annoncer un record encore plus important que l’année dernière en termes de bénéfices, qui s’élèvent à plus de 3 milliards. Les médias n’ont de cesse d’évoquer le versement d’une prime annoncée pour ses salariés, en faisant croire à leurs lecteurs que PSA s’engage à verser une prime énorme à l’ensemble des salariés du groupe. Mais en réalité, il s’agit d’une grande arnaque. Les critères d’attribution de la prime vont exclure une bonne partie des salariés intérimaires et les sous-traitants, qui ne sont pas salariés chez PSA mais qui travaillent quotidiennement pour le groupe. Ces critères excluent également les travailleurs malades puisque le versement dans la prime d’intéressement est conditionnée au présentéisme. En clair, si tu es trop malade dans l’année ou en grève, tu perds sur ta prime.
Autant dire que dans les ateliers, l’annonce n’a pas déclenché d’explosions de joie. Car si, évidemment, cet argent est en réalité l’argent des salariés et non pas celui de PSA, et qu’il devrait nous revenir de droit, ce qu’il faudrait ce sont de véritables augmentations de salaires, et non pas des primes aléatoires.
Ils nous donnent des miettes
En effet, le 25 février s’est déroulée la deuxième réunion sur les salaires durant laquelle, au bout de plusieurs heures de discussion, PSA a annoncé 1,6 % d’augmentation générale. Pour un salarié qui touche 1300 euros par mois, c’est 21 euros net en plus. Et bien entendu plus tu gagnes, plus l’augmentation est élevé, ce qui relève d’une injustice flagrante. C’est pourquoi la revendication d’une hausse de salaire uniforme est toujours la meilleure, puisque le pourcentage nuit aux petits salaires. Et avec des profits aussi élevés que ceux de PSA, c’est 400 euros de plus qu’il faut, pour tout le monde, pour vivre mieux. Une revendication qui paraît juste, puisque le salaire de Carlos Tavares, lui, va encore augmenter… et pas de 1,6 %. Le montant exact de son augmentation sera dévoilé fin mars.
La prime pour les uns et la déprime pour les précaires et les sous-traitants
Mais la campagne menée par PSA dans les médias autour de la prime vise surtout à faire oublier les plans de suppressions d’emplois. Plus de 20 000 salariés ont dû quitter l’entreprise et des usines ont fermé leurs portes : voilà aussi ce qui explique le chiffre d’affaires toujours aussi bons. Il s’agit désormais de faire des voitures avec toujours moins de monde et une précarisation des postes en chaînes de montage où les conditions de travail sont dignes du Moyen Âge.
En ce qui concerne la prime d’intéressement et son versement, il s’agit de regarder ce qu’elle recouvre dans les détails. Et c’est tout de suite moins intéressant que ce que rapporte Carlos Tavares aux journalistes. Tout d’abord, les fameux 4100 € sont en brut, et englobent la « prime Gilets jaunes » de 600 €, qui va être intégralement remboursée par le gouvernement au groupe PSA. Prime Gilets jaunes à laquelle les intérimaires du groupe vont certes à avoir droit… à condition qu’ils aient travaillé du 1er mars 2019 au 29 février 2020. En réalité, au vu du nombre de licenciements d’intérimaires, très peu d’entre eux vont la toucher.
Si l’on retire ces 600 € de prime, remboursée par le gouvernement, des 4100 € annoncés, on tombe déjà à 3500 € bruts, soit 3164 € nets. Et comme il s’agit d’une prime d’intéressement, qui baisse en fonction des absences pour maladie notamment, ça veut dire zéro absence sur toute l’année pour ceux qui espèrent toucher ces 3164 €. Une somme que les intérimaires, dans tous les cas, ne toucheront pas puisqu’ils ne sont pas salariés chez PSA.
Avec ces rapides calculs, c’est la propagande de PSA qui en prend un coup, quand le PDG parle d’une prime pour les bas salaires, alors que les moins bien lotis sont précisément les intérimaires, dont le salaire s’élève en moyenne à 1100 euros. Des intérimaires qui sont exclus de cette prime, alors même que chez PSA, un salarié sur trois est en intérim. Il s’agit en réalité d’un mensonge de la part du patronat et des médias, en ce qui concerne les plus démunis et les précaires, à l’instar des sous-traitants qui travaillent dans les usines – tels que ISS, STPI et bien d’autres – et qui ne percevront rien non plus.
Mais pour les actionnaires tout va bien
Avec ce nouveau record en termes de profits, les grands gagnants sont les actionnaires qui eux ne triment pas sur les chaînes pour faire les voitures. Pour le groupe PSA, le dividende par action va passer de 0,78 euros a 1,23 euros soit +58% , ce qui fait que les actionnaires vont se partager le petit magot de 1,1 milliards, au lieu de 750 millions en 2019. Cet argent extorqué par l’exploitation est une déclaration de guerre contre l’ensemble des salariés, fixes comme précaires, qui eux n’arrivent pas à boucler les fin de mois alors que l’argent coule à flot.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE