Ce mardi, 350 salariés de l'entreprise Airbus Defence and Space ont défilé pendant près de deux heures sous les fenêtres de la direction à Toulouse pour revendiquer une augmentation de salaire à la hauteur de l'inflation. Une journée importante avant la réunion de négociation décisive de ce vendredi.
Troisième semaine de mobilisation chez Airbus Defence and Space avec un rassemblement inédit des salariés des différents sites de l’entreprise dans un même lieu pour faire une démonstration de force. Ils étaient 350 réunis sous l’édifice vitré qui abrite les bureaux de la direction ce mardi 29 mars. Pendants près de deux heures, les salariés ont, à l’appel de l’intersyndical CGT-CFDT-UNSA, manifesté tout autour du site de Palays, dans la périphérie de Toulouse, pour revendiquer des augmentation de salaire à la hauteur des chiffres de l’inflation en cours.
Pour rappel, la direction de Airbus Defence and Space cherche à éviter à tout prix la mobilisation des salariés de l’entreprise en proposant un plan sur deux ans sensé servir de pare-feux en cas d’aggravation de la situation économique. Pour cette raison, 2 % d’augmentation générale des salaires est proposé pour la période 2022-2023, et ce, alors même que la Banque de France annonce 5,1 % d’inflation pour 2022. À cela, devrait s’ajouter une nouvelle augmentation générale de 1,3 % pour l’année suivante. Ces augmentations générales devraient être agrémenter d’augmentations individuelles, donc différenciées en fonction des salariés. Cette proposition, qui devrait agir « à la tête » du travailleur, n’aura pour effet que renforcer la concurrence entre salariés (1.9 % pour la première année proposé par la direction) pour l’obtention de ces augmentations.
En somme, ces augmentations, bien en deçà de l’inflation, vont se répercuter en baisse de salaire réel pour les employés du groupe. Comme nous l’écrivions la semaine dernière : « La crise économique liée à la pandémie, accentuée par la guerre en Ukraine, laisse présager une inflation bien plus importante que les pronostics hasardeux de la direction. De plus, les salariés ont déjà perdu beaucoup sur l’année 2021. La direction « prévoyait » une inflation en dessous de 1 %, contre finalement une inflation de 2,8 % qui n’a jamais été compensée. »
Contre ces mesures qui ne sont que des traductions du mépris de la direction pour les salariés, l’intersyndical fait front en revendiquant une réelle augmentation des salaires qui soit indexé sur l’inflation. La CGT Defence and Space revendique la mise en place d’un plan d’augmentation sur 2022 de 7,1 %. Une proposition réaliste face à l’augmentation vertigineuse des profits du géant Airbus qui a battu un record en 2021 avec 4,2 milliards d’euros de bénéfices. Pour les grévistes d’Airbus Defense and Space, la journée de vendredi sera déterminante pour les suites de la lutte. C’est ce jour-là que l’accord devrait être négocié et signé par les syndicats en accord avec les propositions de la direction (CFE-CGC), avec l’intersyndicale CGT-CFDT-UNSA qui a refusé jusqu’ici de signer l’accord.
Airbus Defence and Space n’est pas le seul donneur d’ordre en grève dans le secteur. À quelques kilomètres, des sites Airbus les salariés de Thalès connaissent une grève tous les jeudis depuis deux mois. Cette situation inédite ou deux des grand donneur d’ordre francais connaissent des grèves, se couple aux mobilisations dans différentes entreprises comme sur le site Amazon de Brétigny-sur-Orges ou encore la RATP avec 80 % de grévistes sur l’ensemble des dépôts de bus le 25 mars. Ces luttes sectorielles émergent suite à des NAO spécifique à chaque à chaque entreprise. Les salariés se mobilisent donc sur la base d’un calendrier spécifique à leur entreprise, ce qui engendre un phénomène de désynchronisation des luttes pour les salaires alors même que la colère est partagée dans de nombreux secteurs du travail.
Le problème des salaires se pose à un niveau national, la hausse de l’inflation qui n’a pas prévu de s’arrêter dans les prochains mois va engendrer des pertes de salaire pour des millions de travailleurs. En conséquence, une hausse générale des salaires et l’indexation sur l’inflation deviennent une nécessité. Seulement, pour l’obtenir, il faut le rapport de force à la hauteur ce qui pose directement la question de l’unité des luttes actuelles avec l’obstacle de mobilisations sectorielles désynchronisées.
La dernière date interprofessionnelle nationale du 17 mars sur les salaires a été très peu suivie dans la continuité des deux précédentes et n’as pas permis de dépasser la désynchronisation des luttes en cours. La perspective de journées isolées et espacées de plusieurs mois montre son incapacité à mobiliser largement alors même que la colère sur les salaires est bien présente. Face à cela, seul un plan d’ensemble initié et préparé depuis les mobilisations actuelles peut donner une perspective qui convainc massivement les travailleurs de faire grève. Pour construire une grève à la hauteur, il faut partir des luttes existantes pour les lier entre elles et les visibiliser aux yeux de la population. Sur cette base, il devient possible de préparer une grève nationale en développant en amont des caisses de grève et la coordination entre les différents secteurs du travail. C’est une condition nécessaire pour dialoguer et entraîner sur une même mobilisation des millions de salariés qui veulent des augmentations de salaires, mais qui n’ont pas encore lutté.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE