Crédit photo : Gabriel Attal devant 145 milliards d’euros auxquels il a promis de ne pas toucher...
Offensive : le gouvernement veut faire payer le déficit et la guerre aux chômeurs
Si Gabriel Attal n’a finalement rien annoncé de concret, le premier ministre a affiché clairement la couleur ce mercredi soir. C’est une nouvelle offensive historique qui se prépare contre l’assurance-chômage, face à laquelle le dialogue social a déjà montré qu'il était une impasse.
Début mars, Gabriel Attal annonçait vouloir « tourner notre modèle social davantage vers le travail ». La phrase est alambiquée, mais l’objectif (100% macroniste) est clair : nous faire travailler plus, tout en réduisant nos droits sociaux et l’accès aux services publics. Avec l’aggravation du déficit annoncée cette semaine, qui contraint le gouvernement à donner des gages pour rassurer marchés et agences de notation, le gouvernement tient le motif idéal pour justifier de nouvelles offensives, dont il a annoncé la couleur au JT de TF1 ce mercredi soir. Après une introduction raciste, à l’occasion de laquelle Gabriel Attal a annoncé que l’État déposerait plainte contre une lycéenne ayant dénoncé une agression islamophobe, et après avoir réaffirmé son refus de toucher au profit du grand patronat, le premier ministre a en effet confirmé vouloir s’en prendre aux chômeurs.
Certes, aucune annonce concrète n’a finalement eu lieu, Attal cherchant à éviter une crise avec les directions syndicales en pleine négociations sur l’assurance-chômage. Celui-ci a cependant dessiné des pistes claires. A propos de la durée d’indemnisation, Attal a ainsi expliqué considérer la perspective de « réduire cette durée d’indemnisation de plusieurs mois » tout en précisant, « je ne pense pas qu’il faut que ça aille en dessous de 12 mois. » Pour rappel, au début du premier mandat de Macron, la durée d’indemnisation maximum était de 24 mois. Depuis, celle-ci a été abaissée à 18 mois, tout en durcissant les conditions d’accès. De quoi donner une idée de l’ampleur de la perte de droits en cours.
Autre piste pour Gabriel Attal, l’indemnisation des seniors. Là encore, le premier ministre ne se prononce pas encore clairement. Mais le plan, annoncé depuis novembre par Bruno Le Maire, est connu : réduire la durée d’indemnisation maximale des plus de 55 ans, qui s’élève actuellement à 27 mois (maximum). Un régime sensé prendre en compte la difficulté pour les seniors de trouver un emploi, démontrée par de nombreuses enquêtes de l’Unédic ou de Pôle Emploi, que la macronie tient à supprimer.
Pour justifier cette nouvelle attaque, annoncée dès novembre, le gouvernement et ses chiens de garde mettent en avant le « déficit », et laissent entendre que les « seniors » profiteraient du système pour partir en pré-retraite. Comme le souligne le site Point de repères à partir d’enquêtes de l’Unédic, il s’agit d’une déformation totale de la réalité. « Les principales causes d’ouverture des droits à l’assurance chômage des seniors restent involontaires : à 59 ans un sénior se retrouve indemnisé par l’assurance chômage en raison d’un licenciement dans 40% des cas ou d’une fin de CDD dans 34% des cas. A cet âge, plus d’un licenciement sur 4 l’est pour une inaptitude » note le site, qui rappelle que « les seniors sont surreprésentés parmi les chômeurs en fin de droit » et que « si le niveau d’emploi des seniors est plus faible c’est d’abord en raison de la détérioration de l’état de santé des travailleurs âgés qui ne leur permet plus de reprendre un emploi. »
Avec son projet, le gouvernement assume ainsi de s’attaquer à nouveau aux plus fragiles, qu’il voudrait faire passer pour des « profiteurs » et obliger à accepter n’importe quel emploi. Alors que la Cour des comptes appelle à faire jusqu’à 50 milliards d’économie d’ici 2027, la macronie ne compte pas s’arrêter là et envisage de nombreuses autres attaques, notamment sur le terrain de la santé. Parmi les pistes, l’idée de s’attaquer aux malades chroniques fait son chemin... Dans le même temps, Attal a tenté de draguer les « classes moyennes » en évoquant une nécessaire « désmicardisation », un mot d’ordre creux qui masque des attaques contre les bas salaires. En réalité, le projet du gouvernement est clair : « rigueur » partout, sauf en ce qui concerne les cadeaux aux entreprises (autour de 160 milliards d’euros par an), le budget de la police (+15 milliards sur 5 ans dans la dernière LOPMI) ou de l’armée, 413 milliards pour la période 2024-2030.
Dans ce cadre, la question de la riposte aux attaques est plus que jamais posée. Depuis 2018, l’assurance-chômage a été massacrée pendant que les directions syndicales poursuivaient tranquillement leur « dialogue social », craignant plus que tout de perdre la main sur l’Unédic, que Bruno Le Maire a encore récemment appelé à nationaliser. S’il faut s’opposer à cette perspective, force est de constater que le paritarisme n’a pas empêché des attaques historiques contre les chômeurs. Au contraire, le bilan des dernières années souligne combien l’intégration des bureaucraties syndicales permet de les contenir sur un terrain institutionnel, ouvrant la voie à des attaques de grande ampleur.
Alors qu’un nouveau plan d’offensive se fait jour, il y a urgence à en finir avec le dialogue social et à commencer à construire une riposte d’ensemble. Le gouvernement l’assume : il table sur le fait que les directions syndicales sont incapables de mobiliser en défense des chômeurs. Pourtant, il serait possible de construire un plan de bataille qui articule le refus des attaques austéritaires du gouvernement, les revendications salariales et le rejet du militarisme, qui apparaît toujours plus comme l’envers des offensives anti-ouvrières. Avec un programme capable d’unifier notre classe et l’ensemble des opprimés, et une stratégie pour l’imposer, nous sommes capables de faire reculer le gouvernement. Il y a urgence !
Publié par REVOLUTION PERMANENTE