Son poste de chef de manœuvre était « une fierté » pour Daniel Ryckebusch, racontent ses parents dans leur maison de Loon-Plage, à quelques kilomètres de l’aciérie ArcelorMittal de Grande-Synthe, près de Dunkerque. Ce dimanche 12 avril, « loué » par la société Temis au sous-traitant Lamblin, ce « gamin sérieux, pas bête et courageux » de 21 ans charge et décharge depuis 13 heures des wagons de castine, une pierre calcaire utilisée comme fondant et épurateur pour le minerai de fer. Vers 18 h 20, écrasé entre deux wagons, Daniel est tué sur le coup.
Trois mois plus tard, le 13 juillet, une déflagration a lieu dans un haut fourneau. Jérôme Domaërel, fondeur intérimaire de 41 ans, tombe dans une rigole d’acier en fusion. Ancien électricien embauché par la société Interconseil, il travaillait là depuis février. « Cette hécatombe révèle les effets de la réduction de la masse salariale au profit de contrats intérimaires », estime aujourd’hui Bernard Colin, délégué CGT au comité d’hygiène, de sécurité et de conditions de travail (CHSCT). « Des tragédies qui auraient pu être évitées », se borne à dire la communication d’ArcelorMittal. L’aciériste a beau multiplier les journées d’étude sur la sécurité au travail, quatre accidents mortels ont eu lieu en un an sur ses sites français : le 26 décembre 2014, à Grande-Synthe, une chargeuse a percuté Patrice Maiguy, un agent d’exploitation de 36 ans, et le 10 septembre, un géomètre intérimaire est, lui aussi, tombé dans de l’acier liquide, sur le site de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Ce jeudi, le tribunal administratif de Dunkerque dira si l’expertise demandée par le CHSCT et refusée par la direction doit avoir lieu sur ce site Seveso classé « seuil haut », où travaillent 6 000 personnes dont 3 000 intérimaires en moyenne.
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