C’est la réforme phare du gouvernement, et même celle du quinquennat. Et même si le gouvernement Macron met toutes les formes possibles pour que les directions syndicales puissent avoir leurs concertations et leurs semblants de discussions, sur le fond, le gouvernement ne lâchera rien.
La logique qui devrait prévaloir : le recul de l’âge de la retraite ne se négocie pas, les reculs sociaux non plus : ils se combattent. En clair, le mouvement ouvrier doit s’emparer de cette bataille si nous ne voulons pas mourir au boulot dans les usines et tous les secteurs d’activités sans lesquels la société ne fonctionnerait pas.
En réalité le système que veut nous vendre le gouvernement, est un vrai recul pour l’ensemble des salariés qui verront leurs retraites baisser avec le système par point qui suivra non pas le coût de la vie et des salaires mais la conjoncture économique. Si le gouvernement décidait demain de baisser les pensions pour faire des économies rien ne pourrait l’en empêcher : cette réforme permet ni plus ni moins, au gouvernement, que d’avoir le contrôle sur nos vie alors que les retraités ont travaillé toute leur vie pour avoir un retraite décente pour vivre .
L’autre enfumage à grande échelle est celui du prétendu choix des salariés du moment de leur départ en retraite. Edouard Philippe fait comme s’il n’y avait aucune inégalité de classe entre ceux qui pourront partir à 62 ans et ceux qui devront partir à 64 ans. Car dans la réforme, plus les salariés partiraientt tôt, plus la pension serait basse, avec des décotes qui iraient de 10 % à 30 % en fonction des points acquis. Pour les plus petites retraites, il n’y aura pas de « choix » : seulement une contrainte de travailler plus longtemps pour pouvoir vivre avec sa pension.
Sous le prétexte fallacieux d’une réforme pour « l’égalité » et « l’équité », tous les régimes spéciaux et autres seront lissés au minimum, avec une logique qui nivelle par le bas. Une logique qui touchera avant tout celles et ceux dont la carrière a été cassée par des licenciements et le chômage, par l’intérim ou encore les temps partiels imposés aux femmes. Non, il n’y a aucune justice dans ce qui est proposé, mais tout simplement une légalisation de l’injustice pour toutes et tous.
Avec la casse de tous les régimes de retraites, les 42 régimes spéciaux existants seront mis aux oubliettes et remplacés par un seul qui détruit l’ensemble des salariés du public comme du privé. Rappelons que ceux-ci ne sont pas des régimes de faveur mais des normes justifiées, liées à la pénibilité du travail, au travail posté, aux contraintes de week-end etc. Des régimes gagnés de haute lutte tout au long du XXème siècle par la classe ouvrière. Ces régimes, qui devraient être ceux de tous les salariés, seront donc détruits en nivelant par le bas, là où l’équité serait d’unifier par le haut en harmonisant les retraites sur les meilleures, et non en plongeant les retraités dans la précarité, pour remplir les poches du patronat.
Malgré ce que dit le gouvernement, l’ensemble des salariés seront dans l’obligation de travailler plus longtemps, jusqu’à 64 ou 65 ans, pour ne pas avoir une pension de misère, au risque de mourir avant. En effet, seuls les militaires (qui ont, c’est connu, le travail le plus pénible), pourront partir en pré-retraite. Mais ceux qui travaillent à la chaîne, postés avec des cadences de folie, devront rester au boulot quitte à y mourir sous les charges de travail. Les cheminots, par exemple, dont la majorité travaille en 3 x 8, ne pourront plus partir avant 60 ans, ou alors ils seront licenciés puisqu’ils ne pourront pas effectuer le travail demandé. Cette politique criminelle du gouvernement et du patronat a pour unique but de ne verser que des pensions de misère à l’ensemble de la population, qui devra trimer toute sa vie ou mourir d’épuisement. Une politique qui vient s’ajouter aux précédentes réformes, depuis celle de Balladur, qui, en 1993, avait fait passer de 37,5 à 40 les annuités de cotisation requises, et Sarkozy qui avait reculé l’âge légal à 62 ans. Le tout alors qu’aujourd’hui la retraite est calculée sur les 25 meilleures années, alors qu’elle était calculée sur les 15 meilleures années, il n’y a pas si longtemps.
Aujourd’hui c’est notre peau que veut le gouvernement, et le mouvement ouvrier doit préparer un plan de bataille pour gagner
Le gouvernement veut encore nous faire passer le coup des « économies », alors que celui-ci et le patronat ont organisé, ces dernières années, le chômage de masse et les fermetures d’entreprises qui nous frappent de plein fouet. Alors qu’avec les baisses de « charges sociales », c’est à dire nos cotisations, le patronat ne paie plus et s’engraisse toujours plus, notamment avec les sommes versées grâce au CICE ; pendant que les grands groupes font également des milliards de profits, ce serait aux salariés, aux précaires qui n’ont qu’une vie en intérim, de faire les frais d’une nouvelle réforme en travaillant plus longtemps, sous prétexte que l’espérance de vie aurait augmentée. Pourtant, en fonction de la classe sociale et des postes occupés, l’espérance de vie est inégalitaire : un ouvrier vit toujours sept ans de moins en moyenne qu’un cadre.
L’ensemble des salariés et tous les secteurs doivent riposter pour vaincre, et cela ne se fera pas avec les méthodes des directions syndicales, qui vont à l’Elysée en bradant nos vies, mais bien avec un plan de bataille pour une grève illimitée jusqu’à la victoire. Il en va de nos vies et de celles de nos enfants.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE