Les ouvriers de GM & S sont fatigués. Voici plus de six mois qu’ils protestent contre la fermeture annoncée de leur entreprise. On ne va pas te faire la liste de leurs feux de palettes, manifestations, grèves, opération ville morte, occupations des lieux de pouvoir, interpellations des politiciens. Ce serait très long et tout cela a été inutile.

Jusqu’à présent les salariés étaient toujours restés très gentils. S’inviter, même à cinquante, dans le bureau d’un politicien local, ça reste bien aimable. Mais rien ne bouge, la fermeture approche son vilain nez, alors les ouvriers deviennent un tantinet irritables.

GM & S est un sous-traitant de l’industrie automobile. On ne peut pas dire que le travail manque vraiment dans le secteur… Mais on renonce à te raconter les innombrables épisodes financiers et industriels de ces dix dernières années. La boîte a si souvent changé de nom et de propriétaire ! Notons quand même que les proprios ont toujours été bien gavés de subventions publiques.

Même l’administrateur judiciaire — sûrement un cégéto-gauchiste couteau entre les dents — pense que la boîte ne devrait pas fermer et que les donneurs d’ordre, Peugeot et Renault notamment, ont les moyens d’assurer l’avenir du site industriel.

Deux-cent-quatre-vingt trois personnes licenciées lors de la fermeture. Plus quelques huit-cents emplois indirects menacés dans le département de la Creuse. À La Souterraine, ville de cinq-mille-quatre-cents habitants. GM & S est le deuxième employeur privé de ce département rural peu peuplé. Un cataclysme social.

Résistance ! Le mot est scandé dans les manifestations. On passe aux affaires sérieuses. À GM & S, les gars ont commencé à découper les machines au chalumeau. Et ils ont piégé une partie des installations avec des bouteilles de gaz. Pour empêcher que les machines partent vers une usine d’un pays à bas salaires qui fournira Peugeot et Renault…

Macron est acculé. Ou bien il envoie l’armée pour faire un exemple. Ou bien il est bon pour faire des promesses. Et pour les tenir puisqu’il ne les veut pas “fausses”.

Les salariés de GM & S vont montrer ce que sera la présidence Macron.