Comparons le montant des avoirs de clients français, cachés derrière des sociétés offshore fournies par HSBC PB, à des sommes connues.
Les SwissLeaks. C’est le nom de l’enquête menée par les journalistes du Monde et de plusieurs médias internationaux qui révèle « les dessous d’un vaste système d’évasion fiscale accepté, et même encouragé, par l’établissement britannique HSBC, deuxième groupe bancaire mondial, par l’intermédiaire de sa filiale suisse HSBC Private Bank ».
On y apprend que « selon les enquêteurs, 180,6 milliards d’euros auraient transité, à Genève, par les comptes HSBC de plus de 100.000 clients et de 20.000 sociétés offshore, très précisément entre le 9 novembre 2006 et le 31 mars 2007 » :
« Le seul montant des avoirs de clients français, cachés derrière des sociétés offshore fournies par HSBC PB, s’élève à 5,7 milliards d’euros. »
Comme le rappelaient cependant Cécile Dehesdin et Thibaut Prévost, lors de l’affaire Cahuzac, en 2013, « posséder un compte offshore n’est pas illégal du moment qu’on le déclare (sauf qu’il ne sert pas à grand-chose d’avoir un compte offshore si on le déclare, l’idée étant de posséder des actifs dans un pays moins regardant que le sien quant aux origines des fonds par exemple, ou avec des impôts beaucoup moins importants) ».
Mais pour arriver à saisir l’ampleur de ce chiffre de 5,7 milliards d’euros, nous avons choisi de le ramener à des choses que nous pouvons plus facilement visualiser.
Le montant des avoirs possédés par des clients français de HSBC suisse entre novembre 2006 et mars 2007 représente 3.910.752 smics brut (son montant est de 1.457,52 euros brut pour 2015). Il faudrait donc 325.900 années de travail payées au smic pour attendre la somme de 5,7 milliards d’euros. Cela représenterait 7.759 vies passées à travailler, si l’on prend en compte les 42 années nécessaires pour atteindre l’âge de la retraite.
Les 5,7 milliards des avoirs français sur des comptes HSBC en Suisse entre novembre 2006 et mars 2007 ne représentent qu’une goutte d’eau par rapport au montant de la dette publique française, estimée par l’Insee à 2013,5 milliards d’euros. Cette somme représente par contre 1/55e de la dette grecque estimée à 315 milliards d’euros.
Le montant des comptes HSBC rapporté au montant de la dette publique | Create infographics
Les sommes présentes entre novembre 2006 et mars 2007 sur les comptes suisses correspondent à un tout petit peu moins que le PIB 2013 du Kosovo (5,72 milliards d’euros), et un petit peu plus que celui du Liechtenstein (5,137 milliards d’euros), selon les chiffres de l’ONU.
Le montant des comptes HSBC rapporté au PIB | Create infographies
En 2012, le bénéfice net du groupe HSBC atteignait 14,8 milliards d’euros, soit près de trois fois le montant des avoirs des clients français entre novembre 2006 et mars 2007 répertoriés par Le Monde.
La fraude avérée aux prestations sociales s’élevait officiellement à 290,66 millions d’euros en 2012. Et ce chiffre est sûrement très loin de la réalité. Il faudrait près de 20 ans de fraude aux prestations sociales pour arriver atteindre la somme de 5,7 milliards d’euros.
Cette somme de 5,7 milliards d’euros correspond à peu près aux 5,5 milliards d’euros détenus par la 8e fortune de France, François Perrodo. Avec 27 milliards, Bernard Arnault, première fortune de l’Hexagone est toujours loin devant.
Le montant des comptes HSBC et les plus grandes fortunes de France | Create infographics
Avec 5,7 milliards d’euros, la région Ile-de-France pourrait fonctionner pendant un peu plus d’un an. La somme représente 1,15 fois son budget 2015. Ou 30 fois le budget de la Guyane.
Le montant des comptes HSBC rapporté au budget 2015 des régions françaises | Create infographics
Vous vous souvenez sûrement de la publicité LCL à laquelle Gad Elmaleh avait prêté ses talents. L’humoriste, qui fait partie des Français ayant eu un compte suisse HSBC et qui aurait depuis régularisé sa situation, avait été payé 450.000 euros pour sa prestation. Pour atteindre les 5,7 milliards d’euros, il faudrait donc qu’il en tourne 12.666 autres.