Les deux candidats du 2e tour se sont donnés en spectacle à Whirlpool-Amiens la semaine dernière. Un symbole de toute la campagne. L’entreprise américaine menace de fermer le site d’Amiens pour aller faire produire en Pologne. Mais la « délocalisation » cache mal les plans sociaux qui s’y sont déjà accumulés entre 2002 et 2017, et qui ont fait tomber les effectifs de 1 300 à 290 personnes. Comme l’écrasante majorité des entreprises qui licencient, Whirlpool est un géant aux bénéfices nets en augmentation constante. Un cas d’école, sur lequel nos deux guignols ont aligné leurs solutions bidon qui ne sauveront aucun emploi mais garantiront que le patron n’ait rien à payer ni surtout à essuyer la colère des ouvriers.
L’opération com’ de Le Pen aura fait le buzz avec mise en scène de selfies. La millionnaire prétendue candidate « du peuple », dont le parti traîne autant de casseroles que les autres et qui voulait durcir encore la loi travail, propose de mettre l’usine « sous protection temporaire » : sous réserve de l’accord des actionnaires, dans l’attente d’un repreneur bidon dont la fonction sera de sous-traiter les licenciements.
Dans les usines, le FN est le premier parti non pas des ouvriers, mais des contremaîtres aux ordres de la direction et de ceux qui sont sous leur influence, surtout quand les luttes sociales sont faibles. Si le FN accuse l’Europe, c’est pour excuser les licencieurs français. Et il divise les travailleurs en accusant nos frères et sœurs migrants. Un sale programme, tout en magouillant comme un parti bourgeois classique, comme en témoigne le ralliement de Nicolas Dupont-Aignan.
Le rejeton des banques et du gouvernement Hollande, dont les attaques anti-ouvrières et la politique honteuse à l’encontre des réfugiés sont responsables de la montée de Marine Le Pen, a eu le soutien de l’ex-patronne du Medef, Laurence Parisot : c’est qu’il promet d’aggraver encore l’austérité.
Au menu : suppression de 120 000 postes de fonctionnaires, « accords » de baisse des salaires, suppression des contraintes (déjà maigres) pour les patrons du code du travail, etc.
Vous avez aimé le 49-3 ? Vous adorerez les décrets « par ordonnance » par lesquels Macron nous promet de légiférer lui-même, sur tout ce qu’il voudra. Voter pour lui, ce serait apporter notre caution à la politique d’austérité qu’il entend mener. Pour notre part, nous ne le ferons pas.
Certes les scores électoraux des deux candidats de l’extrême gauche, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud, ont été minimes : 1,1 % et 0,7 % (plus de 600 000 voix quand même). Mais le score dans les urnes est loin de refléter l’écho réel qu’ont recueilli les idées des candidats révolutionnaires dans le camp des travailleurs. Il fallait entendre les encouragements au lendemain du débat où Philippe Poutou a envoyé dans les cordes Fillon et Le Pen. Bien sûr, ceux qui disent que nous avons raison, ont souvent préféré « voter utile » comme on dit. Un vote toujours illusoire : même en cas de succès électoral, on ne change jamais « le système » en se contentant de porter à sa tête un beau parleur qui s’empressera d’y renier ses promesses. De Mitterrand à Hollande, ou Tsipras en Grèce, c’est toujours pareil. Mélenchon vient d’ailleurs de proposer ses services à Macron, s’il retire sa réforme du code du travail et s’il daigne lui faire… un signe.
Quel que soit le candidat anti-ouvrier qui sortira du 2e tour, à nous de préparer dès aujourd’hui notre riposte, notre tour à nous, celui des luttes sociales. Le camp des travailleurs pèse peu dans le jeu truqué des urnes, où on ne nous demande que de choisir entre deux maux. Mais la combativité et la solidarité ouvrières peuvent changer le rapport des forces.
PAR CONVERGENCES REVOLUTIONNAIRES