La coopérative a besoin de trésorerie pour poursuivre sa progression
La coopérative Scop-Ti (ex-Fralib) traverse une nouvelle crise. Pas de quoi mettre la rate au court-bouillon à ses salariés coopérateurs qui en ont vu d'autres - rappelons qu'ils ont tenu la dragée haute à Unilever pendant 1 336 jours, de 2010 à 2014, alors que le géant de l'agroalimentaire avait pour projet de fermer l'usine, délocaliser la production du Thé Éléphant en Pologne et envoyer les 182 salariés de Gémenos pointer à Pôle emploi.
L'heure est moins grave, donc, mais le souci tout de même de taille. Leur société de production de thé et infusion rencontre un problème de trésorerie, et manque d'espèces sonnantes et trébuchantes pour faire face aux dépenses courantes le temps que de nouveaux projets se concrétisent - et des projets, il y en a. Le problème ne daterait pas d'aujourd'hui, selon le président de la structure, Olivier Leberquier, ancien syndicaliste CGT de Fralib qui a pris la tête de la société. "L'accord de fin de conflit avec Unilever a été signé en mai 2014, et nous avons repris la structure en Société coopérative ouvrière de production (Scop) en août de la même année, explique-t-il. Mais l'accord pour la reprise des machines puis l'autorisation d'exploiter de la préfecture ne sont arrivés qu'à l'été 2015. Nous avons donc eu une année blanche, ne pouvant reprendre la production que fin 2015. Or, cette année-là, certains coopérateurs arrivaient en fin de droits, il a fallu les embaucher. Nous avions des sorties, mais pas d'entrées..." Un décalage qui se ressentirait encore aujourd'hui...
Parce que côté marché, la Scop est en progression régulière depuis sa création. Son chiffre d'affaires est passé de 467 000 € la première année à 1,8 M€ la deuxième, pour atteindre les 3 M€ l'année dernière, avec une prévision de 4 M€ pour la fin 2019. "En 2018, nous avons produit 34 tonnes sous notre marque 1336, et 132 tonnes en sous-traitance", détaille le président. En effet, la coopérative travaille avec six grandes enseignes pour qui elle assure la production et le conditionnement. "Nous devrions atteindre l'équilibre l'année prochaine,assure Olivier Leberquier, un marché important devrait se concrétiser, et nous avons un projet conséquent à l'export." Entre autres. Car la jeune société ne manque pas d'idées pour faire face : "Nous devrions vendre les machines que nous n'utilisons pas, poursuit-il, et projetons de racheter le terrain à la Métropole avec l'aide de mutuelles. Cela nous ferait économiser 140 000 € de loyer par an, et nous pourrions installer d'autres structures de l'économie sociale et solidaire."
Relancée début juillet, la campagne de sociofinancement leur a permis de récolter 23 000 € pour l'instant - le chiffre de 309 000 € visible sur leur site étant la somme cumulée depuis 2017. "Délibérément, nous n'indiquons pas la somme qu'il nous faut, nous dirons quand elle sera atteinte !", glisse-t-il. Tout en assurant avoir aussi fait appel aux banques : "Nous attendons leur réponse..."
Pour participer à cette campagne de sociofinancement : scop-ti.com/campagne-de-sociofinancement.html.
Par François Rasteau laprovence.com