Emmanuel Macron leur avait reproché de «foutre le bordel» le 5 octobre, lors d’un déplacement en Corrèze. Cinq représentants de l’usine GM&S installée dans la Creuse ont néanmoins rendez-vous ce lundi à l’Elysée. Ils seront reçus par le conseiller social et le conseiller industrie du chef de l’Etat, qui passera peut-être une tête durant la réunion. Véritable feuilleton industriel de l’été, GM&S sous-traitant automobile de PSA et de Renault, en proie à des difficultés financières, a passé plusieurs mois à chercher un repreneur. C’est chose faite depuis le 1er septembre, mais le nouveau propriétaire, l’industriel GMD, n’a conservé que 120 salariés sur environ 280.

Le sort des 157 licenciés devrait donc être au cœur des discussions menées ce lundi à l’Elysée. «Comme nous l’avons toujours fait, nous viendrons avec une feuille de route et des sujets précis à discuter», explique Vincent Labrousse, élu CGT de l’usine creusoise. «Nous allons parler réembauche, et nous allons proposer des pistes pour travailler au maintien des 157 licenciés sur leur bassin de vie, car il n’y a pas que la Creuse qui soit sinistrée dans cette affaire. Certains licenciés vivent en Haute-Vienne, d’autres dans l’Indre et même dans l’Allier», précise-t-il.

Prime supralégale

Les discussions risquent, de fait, d’être assez tendues. D’abord parce qu’il devrait être question d’une prime supralégale qui viendrait s’ajouter aux indemnités de licenciement prévues par la loi. Or, GMD, le repreneur, ne veut pas en entendre parler, pas plus visiblement que l’Etat. Ensuite, l’affaire devrait maintenant prendre un tour judiciaire. Vendredi, l’avocat des salariés, dont l’Elysée a refusé la présence, a déposé une requête en annulation du plan de licenciement devant le tribunal administratif de Limoges. «Je n’ai pas l’habitude de me déplacer sans raison, si j’y vais, c’est que j’ai des arguments solides», promet Jean-Louis Borie, qui conteste «la structuration même de ce plan social, la manière dont il s’est déroulé et les critères de licenciements retenus par le mandataire» chargé de mettre en œuvre les suppressions de postes.

L’avocat des salariés n’exclut pas non plus une série de recours individuels, pour les salariés licenciés qui le souhaiteraient, devant les conseils des prud’hommes. Cette procédure ressemblerait en fait à un coup de billard à trois bandes. En contestant leur licenciement, les ex-GM&S chercheraient au final à mettre en cause les constructeurs automobiles Peugeot-Citroën (PSA) et Renault, principaux donneurs d’ordres de GM&S depuis des années. 

PAR FSC