Lundi, 400 salarié.es de l’entreprise américaine General Electric Steam Power ont manifesté sur le site industriel de Belfort pour s’opposer à la suppression de 200 emplois dans la branche nucléaire. Une dynamique de mobilisation à poursuivre en indépendance des directions syndicales et du gouvernement qui souhaiteraient canaliser la colère.
Crédit photo : SEBASTIEN BOZON / AFP
Alors que l’usine de Belfort emploie près de 1 800 personnes dont 800 se chargent de la fabrication de composants pour centrales nucléaires et centrales à charbon, il est question de fermer le site. Le PSE lancé par l’entreprise menace 200 emplois de cette branche. Au-delà du site français, des dizaines d’usines réparties en Europe sont concernées par ces plans sociaux qui sont de véritables attaques à notre classe sociale. La mobilisation était organisée à l’initiative de l’ensemble des syndicats de GE Steam Power, division du groupe américain spécialisée dans les turbines (nucléaire, charbon…), CGT, CFDT, CFE-CGC et SUD.
Mais les organisations syndicales réfléchissent désormais à une échelle plus large qui engagerait les autres organisations européennes. « Il y avait principalement des gens de Steam, mais pas seulement, se félicite le cégétiste Laurent Santoire. Ce qui est nouveau, c’est la mobilisation solidaire de salariés d’autres divisions ou d’autres entreprises : GE gaz, transport Alstom, EDF, etc. Tout le monde a compris que les menaces sont globales. »
Les salarié.e.s de Général Electric sont 16 000 à échelle mondiale. Cela fait déjà 3 ans que l’entreprise enchaîne les plans sociaux avec notamment 485 suppressions d’emplois en France l’an dernier. A échelle nationale française, les salarié.e.s ont entamé une lutte politique avec l’entreprise dès septembre 2020. Le 9 septembre, le géant états-unien prévoyait la suppression de 1 225 emplois en Europe dont 764 en France au sein de sa filière énergie renouvelable, sur fond de délocalisation en Hongrie, Inde ou Chine.
Comme nous l’écrivions, une grève dure avait démarré en novembre sur le site de Villeurbane contre le PSE menaçant 285 emplois. La direction, inquiète avait tenté de réprimer les travailleurs en inscrivant sur l’accord de fin de conflit l’interdiction pour l’avenir de toute grève relative au PSE. Face à cela, les travailleurs s’étaient de nouveau mobilisés, faisant une fois de plus reculer la direction. Ainsi, les salariés de General Electric démontre une tradition et des réflexes de lutte non négligeable face à un patronat avide d’attaques anti-sociales.
Désormais, les syndicats alertent sur le non-sens de ce plan social, alors même que la filière est prometteuse et pleine d’avenir. Laurent Santoire de la CGT affirme : « On est capable de faire des centrales extrêmement modernes et non conventionnelles, par exemple des centrales solaires à concentrations donc des centrales décarbonnés. Donc on est une industrie nécessaire à la transition énergétique, et on est restructuration permanence. On est face à une entreprise qui se concentre sur des activités à forte profitabilité qui liquide le reste et un gouvernement désespérément silencieux. On refuse d’être détruits sous la logique du profit immédiat ».
A l’aune d’une crise économique dramatique qui sacrifiera encore davantage notre classe, les grandes entreprises prétendent se repeindre en vert avec des mesures et des discours écologiques cosmétiques. Mais comme le démontre Laurent Santoire, la transition écologique ne peut être faite que par le savoir-faire de celles et ceux qui sont au cœur de la production.
Ces mêmes personnes qui sont licenciées au profit d’une rentabilité qui n’a rien à voir avec l’écologie. A échelle française, la grève de Grandpuits a été l’exemple de la nécessité et de l’urgence d’allier la lutte sociale et la lutte écologique et que cette alliance ne peut se faire qu’à la chaleur de la lutte des travailleur.euse.s.
Ce lundi, Bruno Le Maire a donné une interview à l’Est Républicain, cherchant à se positionner en fervent défenseur de l’emploi : « « General Electric a pris un certain nombre d’engagements vis-à-vis de l’État et de ses salariés. Ils doivent être tenus. Je veille à leur strict respect. » Cette interview est simplement une tentative d’étouffer temporairement les colères, à l’image de ce qu’a fait le gouvernement vis-à-vis de la fermeture de l’usine Bridgestone ->https://www.revolutionpermanente.fr/Fermeture-de-Bridgestone-le-dialogue-social-mene-a-l-impasse-les-salaries-doivent-passer-a-l].
Il n’y a rien à attendre ni du patronat ni du gouvernement qui tentent par tous les moyens d’étouffer l’organisation des travailleur.eus.es et de casser les grèves et les mobilisations. La manifestation de lundi était très progressiste car elle appelait à une coordination entre les différents secteurs avec une visée internationale. Il est urgent de poursuivre cette dynamique et de l’approfondir en s’organisant par le bas pour continuer le bras de fer avec l’entreprise, sans aucun compromis sur les revendications : ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise, il faut se battre pour zéro suppression d’emploi !
Publié par REVOLUTION PERMANENTE